Sénégal: vague d’arrestations dans les rangs de l’opposition

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Le 04/03/2019 à 16h22, mis à jour le 05/03/2019 à 11h54

Le colonel Abdourahim Kébé, secrétaire chargé de la Défense au sein du parti «Rewmi» de l’opposant Idrissa Seck, a été arrêté. Une arrestation qui s'ajoute à la liste des 13 militants du même parti déjà appréhendés après la publication des résultats provisoires du scrutin du 24 février dernier.

Les arrestations des responsables de la coalition «Idy 2019» du candidat à la présidentielle sénégalaise du 24 février 2019, Idrissa Seck, se poursuivent.

Après les 13 militants du Rewmi arrêtés le mardi 26 février dernier, c’est au tour du colonel Abdourahim Kébé, secrétaire chargé de la Défense au parti «Rewmi», de recevoir la visite de la police. Il a été mis aux arrêts et conduit à la Division des investigations criminelles (DIC), le dimanche 3 mars.

Le tort de cet ancien attaché militaire auprès de l’ambassade du Sénégal à Washington est d’avoir invité les citoyens sénégalais à refuser ce qu’il appelle, «un hold-up électoral que veulent nous imposer les valets de Macron».

«Sénégalais debout! Une riposte énergétique du peuple s’impose. Face à ce qui apparaît comme un hold-up électoral que veulent nous imposer les valets de Macron, une seule attitude, la révolte populaire. Nous ferons comprendre à la France que le Sénégal n’est pas un pays banania, et dire au pouvoir que la confiscation de la volonté populaire ne sera pas acceptée», a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Cet appel lancé après l’annonce par la Commission nationale de recensement des votes, donnant le candidat sortant, Macky Sall, vainqueur de la présidentielle avec un taux de 58,27% du suffrage, est vu comme une incitation au soulèvement.

L’arrestation du colonel Kébé intervient après celle des 13 partisans de l’opposant Idrissa Seck, arrivé second au scrutin du 24 février avec 20,50% des voix exprimées. Les militants du Rewmi, qui manifestaient devant les grilles de la Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS), avaient été appréhendés le mardi dernier.

Cette vague d’arrestations a suscité des réactions au sein de l’opposition et de la société civile. «L'arrestation de Kébé intervient après celles de Moussa Thiombane, Bassirou Dieng, Mory Gueye, Abdourahmane Diallo, Amélie Ngom, Malamine Fall, Bigué Simone Sarr, Amath Thiaw, Marième Soumaré, Mamadou Diallo, Amadou Bathily, Bineta Mbaye et de Yancoba Sagna. Tous responsables au sein de la Coalition ’’Idy 2019’’», a fait savoir Déthié Fall.

«Nous tenons vraiment à faire comprendre à Macky Sall que ce n’est pas par l’intimidation qu’il validera une élection manipulée avec des résultats préfabriqués», a averti ce vice-président du parti d’Idrissa Seck. 

Quant au Directeur régional d’Amnesty International, Alioune Tine, il demande à «l’opposition sénégalaise de déposer un recours au Conseil constitutionnel» si elle n’est pas d’accord sur les résultats. Il précise toutefois que «l’Etat doit arrêter d’utiliser la force. Tous ceux qui veulent manifester dans la paix, on doit les laisser faire car, c’est la constitution du pays qui le garantit. L'Etat doit diminuer l'usage les grenades lacrymogènes et les arrestations».

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 04/03/2019 à 16h22, mis à jour le 05/03/2019 à 11h54