Le procès en appel de Barthélémy Dias, renvoyé à de multiples reprises ces dernières années, était très attendu en raison de ses implications politiques. Dias, farouche opposant au pouvoir, a pris les fonctions éminentes de maire de la capitale le 17 février pour le compte d'une coalition nationale conduite par Ousmane Sonko, prétendant déclaré à la présidentielle de 2024.
«Je suis poursuivi pour des raisons politiques, pas pour des raisons judiciaires», a répété Dias à la barre.
Une condamnation à cinq ans ferme compromettrait sérieusement sa carrière politique. Elle ferait craindre une réaction violente de ses supporteurs.
Lire aussi : Sénégal: le pouvoir reconnait sa défaite aux municipales à Dakar
Avant lui, deux autres adversaires du président Macky Sall, l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall (sans lien de parenté) et l'ancien ministre Karim Wade, fils d'ex-président, ont vu leur trajectoire interrompue par les ennuis judiciaires ces dernières années. Ousmane Sonko, quant à lui, est depuis 2021 sous le coup d'une enquête pour viols présumés. Tous crient au complot ourdi par le pouvoir. Le pouvoir se défend de toute instrumentalisation de la justice.
Dias, 47 ans, jugé avec une douzaine d'autres à l'époque, avait été condamné en 2017 à deux ans de prison, dont six mois ferme, pour "coup mortel" porté en 2011 à Ndiaga Diouf, un lutteur décrit par l'opposition comme un nervi du régime.
Il avait été abattu par balle lors de l'assaut donné à la mairie de Mermoz Sacré-Coeur, une des communes constituant la capitale dont Dias était alors maire, par de supposés sympathisants du Parti démocratique sénégalais, au pouvoir. Les violences s'étaient produites dans un contexte de contestation grandissante contre une candidature du président sortant Abdoulaye Wade à un troisième mandat en 2012.
Lire aussi : Vidéo. Dakar: la belle presqu’île du Cap-Vert privée de sa légendaire verdure
Dias a fait appel «pour laver (son) honneur», a-t-il répété mercredi. Il a plaidé la légitime défense, et contesté avoir été le seul à tirer. Les assaillants «n'étaient pas venus pour me donner un carton d'invitation pour un anniversaire. J'ai vu la mort», a-t-il dit.
L'avocate générale, Fatou Oumar Ndiaye, a requis contre lui cinq ans ferme, et deux ans ferme contre deux de ses collaborateurs. «Il n'y a pas d'excuse de provocation ni de légitime défense», a-t-elle asséné.
La cour a mis l'arrêt en délibéré au 18 mai.