Le chef de l'Etat a fait ces déclarations à la presse après s'être rendu vendredi en fin de journée à l'hôpital public de Tivaouane (ouest) où ces onze bébés ont péri mercredi soir, un nouveau drame qui a provoqué chagrin et indignation dans le pays.
Visiblement ému, Sall a dit avoir le «coeur meurtri» après avoir visité la salle où les bébés ont perdu la vie.
«J'ai ordonné que l'ensemble des services de néonatalité soient audités dans leurs installations (...) et équipements. Le système de santé est marqué par une obsolescence», a-t-il affirmé. «Nous allons poursuivre cet effort de modernisation pour regarder ce qui ne va pas» afin que l'hôpital ne soit «plus un espace de désespoir ou de tragédie».
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«Je voudrais en appeler à la responsabilité et la prise de conscience pour que chacun exerce son métier (...) avec déontologie», a-t-il lancé.
Le président a dit avoir ordonné une mission de l'Inspection générale d'Etat «pour regarder la qualité des infrastructures».
Avant de se rendre à l'hôpital, Macky Sall avait rencontré le khalife des Tidianes - l'une des importantes confréries musulmanes qui jouent un rôle social essentiel au Sénégal - Serigne Babacar Sy Mansour, qui avait déploré il y a plusieurs mois l'état de cet hôpital.
Sall a précisé qu'il rencontrerait dans la soirée les familles des bébés disparus à la résidence du khalife.
Ce drame est le dernier en date à mettre en lumière les carences du système de santé de ce pays.
Le président a limogé jeudi soir son ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr, visé par des appels à la démission.
Accusations de négligence
Macky Sall a aussi décrété trois jours de deuil national. Président en exercice de l'Union africaine, il a écourté son séjour en Guinée équatoriale pour se rendre à Tivaouane.
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Ce qui s'est produit mercredi soir à l'hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh reste à établir. Les témoignages rapportent un incendie se propageant rapidement dans l'unité néonatale et des personnels et des usagers impuissants à sauver les enfants. Un court-circuit électrique est incriminé.
Les accusations de négligence ont fusé. Mais le maire de la ville a assuré que deux soignants se trouvaient dans le service au moment des faits. Le nouveau service de néonatalogie, cofinancé par une entreprise privée, avait été livré fin 2021, avec des équipements de sécurité et une formation des personnels aux alertes incendie, a-t-il dit.
Mais, en un an, c'est au moins le troisième évènement avec mort d'enfants à l'hôpital public à bouleverser l'opinion. En dehors des appels aux sanctions, il a suscité dans une partie de l'opinion les accusations de passivité de la part des autorités.
Les Sénégalais se sont émus de la mort de quatre nouveau-nés dans l'incendie d'un service de néonatalogie à l'hôpital de Linguère en avril 2021, et du destin tragique d'une femme enceinte, Astou Sokhna, décédée avec son bébé un an plus tard après ce que ses proches décrivent comme une longue agonie et un déni de soins à l'hôpital de Louga.
Son sort a été «la goutte d'eau qui a fait déborder le vase», a dit à l'AFP Nina Penda Faye, porte-parole de Patients en danger. Le collectif, qui s'est constitué après la mort d'Astou Sokhna, a reçu en 72 heures au moins 500 témoignages de la part de Sénégalais sur des erreurs médicales ou des cas de maltraitance.