Depuis quelques jours la presse proche de la coalition au pouvoir au Sénégal parle de l'arrestation de rebelles casamançais, sans toutefois n'avoir pas pu apporter de preuve et sans la réaction de la gendarmerie qui serait l'auteur de ces interpellations. Les Sénégalais attendaient des images des personnes arrêtées, ils n'en auront pas. C'est finalement le ministre porte-parole du gouvernement, Oumar Guèye, qui le confirme lors d'une conférence de presse organisée pour servir de contre-feu à une déclaration de Ousmane Sonko suivie par plus de 30.000 personnes en direct.
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Beaucoup attendaient que ces déclarations qui arrivent dans un contexte politique très tendu soient suivies d'éléments concrets pour les étayer comme un communiqué officiel de la gendarmerie ou de l'armée. Pour le moment, ce n'est pas encore le cas, c'est pourquoi la thèse de la manipulation politique contre un opposant farouche est en train de prospérer.
"Effectivement, lors des dernières manifestations, il y a eu des rebelles qui ont été arrêtés. Ceux qui cherchent à déstabiliser notre pays vont déchanter", a déclaré le ministre des Collectivités locales et porte-parole du gouvernement Oumar Guèye, interrogé sur des informations parues dans la presse.
"La justice va faire son travail", a dit M. Guèye lors d'une conférence de presse, sans préciser le nombre et l'identité des personnes arrêtées.
L'opposant Sonko a démenti vendredi soir ces affirmations. "Il s'agit de mensonges véhiculés" par le pouvoir "pour démobiliser les militants", a-t-il dit, dans une déclaration en langue ouolof sur sa page Facebook.
"Ils parlent maintenant du MFDC (mouvement indépendantiste, ndlr) après d'autres mensonges. Ce sont des informations infondées" que le gouvernement a données. "Les Sénégalais sauront faire la part des choses", ajouté M. Sonko.
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Des informations sur les réseaux sociaux ont fait état mercredi de l'arrestation le même jour de rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC, indépendantiste) qui seraient venus à Dakar pour la manifestation contre le pouvoir à l'appel de la coalition d'opposition Yewwi Askan Wi.
La principale figure de Yewwi Askan Wi est M. Sonko, maire de Ziguinchor, principale ville de Casamance. La tension est forte à l'approche des législatives du 31 juillet après l'invalidation par le Conseil constitutionnel de la candidature de M. Sonko et de certains noms de l'opposition, empêchés de concourir.
M. Sonko et d'autres leaders ont menacé lors de la manifestation d'empêcher la tenue des élections si Yewwi Askan Wi n'y participait pas.
La Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie, est le théâtre d'un des plus vieux conflits du continent depuis que des indépendantistes ont pris le maquis avec un armement rudimentaire après la répression d'une marche du MFDC en décembre 1982.
Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l'économie, le conflit a persisté à petit feu. L'armée sénégalaise a lancé une nouvelle opération contre la rébellion en mars.