A l’occasion des fêtes de Pâques, il est difficile de rendre visite à une famille musulmane sans y trouver un pot de «ngalakh». Ce dessert est offert par les voisins de confession chrétienne après 40 jours de privation et de dévotion, le jour de la célébration de la "résurrection du Christ", selon la tradition chrétienne.
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Un des symboles de cohésion sociale et du dialogue islamo-chrétien, cette pratique est solidement ancrée dans les mœurs. En offrant du «ngalakh», les chrétiens rendent ainsi la politesse aux musulmans qui leur avaient offert des plats à base de mouton à l’occasion de la fête de l’Aid El Adha (sacrifice d’Abraham). Même si les chrétiens ne sont que 5% de la population, contre 94% de musulmans et 1% d'animistes, pratiquement toutes les familles sont servies.
Ces échanges ont toujours raffermi les liens de fraternité entre ces deux communautés. «Le Sénégal est un cas exceptionnel. Nous cohabitons bien, et c’est dû au maintien d'une longue tradition de fraternité», s’est réjoui Abbé Alphonse Seck, directeur des œuvres sociales du diocèse de Dakar.
«Cette coexistence entre musulmans et catholiques tire son essence des valeurs historiques et de l’origine même de la nation sénégalaise », a-t-il ajouté. Et le fait que le Sénégal, pays à plus de 94% de musulmans et à moins de 5% de chrétiens, ait choisi Léopold Sédar Senghor, un chrétien, comme premier président de la République, illustre bien la bonne entente entre ces communautés. Mieux encore, au Sénégal, il arrive qu’au sein d’une même famille, on retrouve des chrétiens et des musulmans. «Ce qu’on doit souligner pour montrer que chrétiens et musulmans socialement peuvent vivre dans une parfaite entente sans même parler de dialogue islamo-chrétien, c’est le mot famille», a, pour sa part, ajouté Abibou Ka, islamologue à l’Institut islamique de Dakar. «Au Sénégal, chrétiens et musulmans ont toujours été frères et sœurs», a-t-il ajouté.
C'est dire que vus du Sénégal, les attentats commis par les extrêmistes de l'Etat islamique contre les églises coptes en Egypte sont encore plus incompréhensibles qu'ailleurs.