Malgré ses avancées en matière de scolarisation des enfants, le Sénégal présente toujours des lacunes dans le domaine. Le maintien à l’école des enfants de 7 à 14 ans pose problème. Nombre d’entre eux abandonnent l’école où en sont retirés par leurs parents. Ces enfants, généralement contraints de travailler, sont parfois victimes de maltraitance et d’abus.
«Le travail des enfants constitue un frein au développement économique du pays, mais aussi au développement de l’enfant», a soutenu le professeur Mansour Gaye, spécialiste des droits des enfants. Il intervenait, ce lundi 12 juin, dans le cadre d'un panel sur le défi de la protection des enfants dans un monde connecté. Il a notamment regretté le fait que «le quart des enfants, âgés de 7 à 14 ans soit en situation de travail».
Cette situation résulte de la pauvreté, des difficultés d’insertion en milieu urbain, du maintien difficile des enfants en milieu scolaire. A cela s’ajoute le faible niveau d’instruction des parents qui, parfois, ne déclarent même pas les enfants à leur naissance. Dès lors, «il faudrait, pour lutter contre ce fléau, entreprendre une large sensibilisation, faire des interventions directes au niveau des populations pour le respect des droits des enfants. Il est aussi important d’œuvrer dans le sens de la réinsertion de ces enfants», a préconisé le professeur Mansour Gaye. De son côté, l’Etat a aussi le devoir de défendre les enfants et de lutter contre leur exploitation.
Abondant dans le même sens, Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International au Sénégal, a soutenu que «l’Etat du Sénégal et les collectivités locales ont l’obligation de protéger les enfants». Théoriquement, a-t-il dit, «l’enfant ne doit pas sortir de l’école avant l’âge de 16 ans». Mais malheureusement, ces recommandations sont très peu respectées et les enfants sont dans la majeure partie des cas, arrachés du milieu scolaire. Quant aux enfants non déclarés à leur naissance, ils sont obligés d’abandonner l’école au moment de passer leur examen d’entrée en sixième, faute d’extrait ou de bulletin naissance existant ou valable.
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«La presse sénégalaise doit pleinement jouer son rôle dans la lutte pour la protection des droits de l’enfant», a pour sa part rappelé Ibrahima Bakhoum à ses collègues journalistes et enseignants. «En collaboration avec les ONG et en mettant en avant leur humanisme, les journalistes doivent défendre les intérêts des enfants.
Selon le professeur en sociologie Djiby Diakhaté, «c’est la société qui refuse l’émancipation des enfants». Le constat est donc inquiétant, car «dans la société actuelle, l’avoir prime sur l’être», a-t-il regretté. La situation est d’autant plus préoccupante que la plupart des enfants qui quittent l’école n’ont aucune chance d’avoir une qualification professionnelle. Si cette situation persiste, «ces enfants pourraient facilement verser dans la délinquance, le banditisme, car leur avenir est incertain», a alerté le professeur Diiby Diakhaté.
Avant la clôture des débats, Pédre Ndiaye, président du CADE invite la société à impliquer les enfants dans les instances de décision, car, a-t-il soutenu, «la participation des enfants aux instances décisionnelles est un principe inscrit dans la Convention des droits de l’enfant». Il a aussi tiré à boulets rouges sur le non-renouvellement du Parlement des enfants depuis 10 ans.