Sénégal. Pêche: vive polémique entre la ministre de la Pêche et Greenpeace sur les disparitions de pêcheurs en mer

pêcheurs Sénégalais

pêcheurs Sénégalais. DR

Le 17/05/2019 à 10h13, mis à jour le 17/05/2019 à 10h38

171 pêcheurs sénégalais ont disparu ou trouvé la mort dans 92 naufrages en mer en 2017. La nouvelle ministre sénégalaise de la Pêche explique ces disparitions répétées par le fait que ces derniers «ne prennent pas en compte les mesures de sécurité». Une thèse que réfute l’Ong Greenpeace.

A peine nommée à la tête du département sénégalais de la Pêche, Aminata Mbengue Ndiaye est à l'origine d'une polémique. Ses propos accusateurs sur le nombre important de pêcheurs sénégalais qui ont péri ou disparu en mer sont contestés par beaucoup, dont l'ONG de défense de l'environnement Greenpeace. 

«Greenpeace est surprise de la réaction de la nouvelle ministre sénégalaise des Pêches et de l’économie maritime, Mme Aminata Mbengue Ndiaye, qui estime que les disparitions des pêcheurs sénégalais en mer sont causées par le fait que "certains pêcheurs ne prennent pas en compte les mesures de sécurité établies" », peut-on lire dans un communiqué diffusé le mercredi 15 mai dernier. 

Cinq jeunes pêcheurs originaires de Gokhou-Mbathie, dans la région de Saint-Louis ont disparus en mer, la semaine précédant cette polémique.

Ils viennent ainsi s’ajouter à la liste des 171 morts ou disparus dans les 92 accidents répertoriés, au Sénégal, par la Direction de la protection et de la surveillance des pêches, placée sous la tutelle du département de la Pêche. 

Ces pertes en vies humaines ont poussé Greenpeace à demander à l’Etat du Sénégal prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des pêcheurs en mer.

L’organisation de défense de l’environnement admet toutefois que «les responsabilités sont partagées entre les acteurs de pêche et le gouvernement».

«Aujourd'hui, en plus de la subvention des gilets de sauvetage aux pêcheurs, le gouvernement du Sénégal doit travailler à répertorier tous les pêcheurs artisans actifs au Sénégal et à mettre en place des outils efficaces qui peuvent permettre de détecter les pirogues artisanales où qu’elles se trouvent en mer et de leur venir en aide. Le Sénégal doit aussi mettre en place des politiques de pêche adaptées pour lutter contre la surpêche et les mauvaises pratiques de pêche notamment la pêche illicite, Non déclarée et non réglementée (INN)», a conclu Greenpeace.

La pêche artisanale au Sénégal est effectuée dans des conditions qui favorisent la survenue de naufrages. Les pirogues sont fabriquées de manière artisanale par des artisans sur la base de connaissances acquises sur le tas.

Leur mise à l'eau est effectuée sans aucun contrôle préalable et ces bateaux de fortune sont équipés de moteurs de plus en plus puissants, ce qui pousse les pêcheurs à parcourir de très longues distances à cause de la rareté de la ressource. 

En effet, les Sénégalais consomme annuellement 26 kg de poisson, contre une moyenne mondiale de 16 kg par an. Face à cette a demande intérieure forte, l'industrie hauturière exige de plus en plus de main-d'œuvre qui n'a, en guise de formation, que l'apprentissage informel.

De plus, en cas de forte prise, les embarcations peuvent se trouver surchargée, ce qui met en danger leurs occupants. 

Face à tous ces éléments, il serait difficile de dédouaner totalement les autorités étatiques concernant le nombre de morts en mer.

Il est peut-être temps qu'en plus des subventions sur le carburant et les moteurs pour assurer la disponibilité de produits halieutiques, que l'Etat mette en place des normes strictes concernant les embarcations et leurs équipages et en veillant à leur application. Ce qui n'est toujours pas le cas. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 17/05/2019 à 10h13, mis à jour le 17/05/2019 à 10h38