Sénégal: le ministre de l'environnement responsable de la mort de 6 oryx pour son plaisir personnel

Les Oryx Algazelles ont été réintroduites en 1999 au Sénégal.

Les Oryx Algazelles ont été réintroduites en 1999 au Sénégal. . DR

Le 08/07/2020 à 09h40, mis à jour le 08/07/2020 à 11h54

Le ministre de l’Environnement, censé protéger les oryx réintroduits difficilement au Sénégal, s’est rendu coupable de la mort de 6 spécimens de cette espèce protégée en voulant les transférer dans sa propre réserve privée.

C’est un nouveau scandale dont se serait volontiers passé le ministre sénégalais de l’Environnement. En effet, six gazelles de l’espèce protégée oryx, considérée menacée, sont mortes selon la presse par l’entière faute de Abdou Karim Sall, celui-là même qui est censé assurer leur protection.

Les gazelles faisaient l’objet d’un transfert d’une réserve publique située à Ranérou au centre-est du pays dans la zone semi-aride du Ferlo, et donc sous l’autorité directe du ministère de l’Environnement. Etonnamment, c'est vers une réserve privée appartenant au même ministre qu'elles étaient destinées.

En somme, il ne s’agissait que d’un transfert "réglementé" certes, mais pour le bon plaisir de monsieur le ministre. Depuis que l’information a été ébruitée, les réseaux sociaux sont vent debout contre ce membre du gouvernement, habitué des bad buzz.

En effet, lors d'une opération de reboisement l'année dernière, il avait exigé qu'on déroule une natte sous ses pieds, alors qu'il plantait symboliquement un arbre. Monsieur le ministre ne voulait pas que ses chaussures fraîchement cirées prennent le sable et la poussière. 

D’après le quotidien SourceA, la direction des parcs nationaux et le ministre de l’Environnement sont désormais à couteaux tirés, parce que d’une part la réserve privée de Abdoul Karim Sall ne serait pas aux normes pour accueillir de tels animaux habitués à vivre dans de grands espaces désertiques ou semi-désertiques, et d’autre part, les conditions de transport inadéquat ont été à l’origine d’un grand stress des oryx qui n’ont finalement pas survécu. Certaines gazelles seraient mortes dans la réserve privée située à Dakar, alors que d'autres auraient succombé en cours de route. 

Pour sa défense, le ministère de l’Environnement a diffusé lundi, un très long communiqué, mais ne parle pas une seule fois de la mort de ces 6 oryx. Il explique juste la réglementation concernant les transferts des espèces protégées entre réserves publiques et privées.

"En tant que structure focale de la Convention sur la diversité biologique (CDB), la Direction des parcs nationaux (DPN) est chargée de la conservation de la biodiversité dans les parcs nationaux et les réserves sous sa tutelle, en identifiant et appuyant les opportunités de création de zones de conservation, de valorisation durable des ressources naturelles au profit des communautés et en promouvant le partenariat public-privé", écrit sa cellule communication.

"Certaines espèces de faune, en l’occurrence les antilopes sahélo-sahariennes telles que l’oryx algazelle, la gazelle dama mhorr et la gazelle dorcas qui avaient disparu du pays, ont fait l’objet d’une réintroduction réussie", poursuit toujours le ministre qui a sans doute oublié de dire que cette réussite de l’introduction vient d’être compromise par sa décision irrationnelle d’en transférer quelques-unes dans son jardin privé.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 08/07/2020 à 09h40, mis à jour le 08/07/2020 à 11h54