Au Sénégal, la distribution de chaînes de télévision nationales et internationales n’est pas seulement l’affaire d’opérateurs formellement identifiés. Ce vaste marché offre même des parts à des jeunes organisées en réseaux. On les appelle des câblodistributeurs. Les réseaux câblés sont nés au milieu des années 90 avec l’arrivée du géant français Canal Plus.
Chaque réseau se compose d’un ensemble d’installations collectives d’antennes que se partagent des centaines de familles raccordées à partir d’une centrale. Il est important de rappeler la proximité entre ces familles connectées et le câblodistributeur qui leur garantit un accès facile aux chaînes cryptées en échange d’une petite somme d’argent.
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Malgré leur utilité aux foyers, les câblodistributeurs sont encore considérés comme des pirates. D'autant qu'aucune réglementation n'encadre véritablement leur activité. Le ministère chargé des Télécommunications a signé une convention de concession avec la Société de redistribution de télévisions par câbles et services. Mais cette société fédérative de gérants des réseaux câblés du Sénégal ne regroupe qu’environ 300 opérateurs de câblodistribution. Or ils sont plus de 2.000 à travers le pays. Un nombre beaucoup trop important pour que leur concurrent direct, le groupe Canal Plus, ferme les yeux. Ces jeunes qui estiment pourtant opérer dans la légalité, font des va-et-vient incessants au tribunal pour défendre leur gagne-pain.
Aujourd’hui, l’Etat ferme les yeux et laisse faire, vu le nombre de jeunes que ce secteur emploi, mais aussi et surtout parce que, les câblodistributeurs, à travers les chaînes qu’ils proposent à moindre coût -un abonnement de 3000 FCA, soit 4,6 euros, par mois-, parviennent à contenir la colère des jeunes de la banlieue en les occupant.