Au début, la câblodistribution permettait à des foyers voisins à faibles revenus de brancher leurs postes de télévision sur un seul décodeur Canal Horizons à l’aide de câbles. Depuis, le phénomène a pris des proportions inquiétantes à Dakar et dans les autres villes de l’intérieur. Cette activité, certes illégale, a inspiré de nombreux chômeurs qui en font un véritable business. Ces «pseudo-techniciens» parviennent maintenant à brancher tout un quartier sur les réseaux Canal Horizons, BeIN ou d’autres chaînes de télévisions privées.
Une affaire florissante pour ces "câbleurs" clandestins qui ne facturent que 3.000 Fcfa (moins de 5 euros) par maison branchée et par mois. Individuellement, cette somme parait dérisoire. Mais, multipliée par le nombre de maisons que comptent certains quartiers populaires de Dakar comme Guédiawaye ou Pikine, cela représente un véritable pactole. Par exemple, pour 1.000 foyers connectés aux réseaux de télévisions privées, les câblodistributeurs empochent 3 millions de Fcfa ( 4.500 euros).
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Les ménages se frottent les mains du fait de la somme modeste qu’ils payent. A Guédiawaye, presque 4 foyers sur 5 sont branchés aux réseaux clandestins. Ce trafic est donc une véritable aubaine pour ces «réseau-mans» ou «câbleurs», pour utiliser les termes désormais entrés dans le langage courant. Cependant, ils portent préjudice aux chaînes privées comme Canal Horizons et BeIN qui investissent une fortune dans l’acquisition des droits de diffusion.
La grogne Canal Horizons
Pour mettre fin à ce trafic, Canal Horizons a eu recours à la justice qui devra sanctionner les trafiquants. La police avait multiplié les descentes chez les câblodistributeurs. Plusieurs réseaux sont à ce jour, démantelés et des «câblodistributeurs» sont même présentés devant la justice. C’est le cas d’Alain Ndécky appréhendé dans le quartier Ouakam, d'Ibrahima Faye arrêté à Yoff et de Habibou Gaye interpellé à Guédiawaye. Tous les trois ont été déférés devant le parquet.
Cependant, la bataille est loin d'être gagnée vu le nombre de personnes qui s’adonnent à cette pratique frauduleuse. En effet, des milliers de réseaux de distribution illégaux de chaînes sont dénombrés au Sénégal. Ils prétendent que «les autorités, par le biais du ministre Moustapha Guirassy, leur avaient donné une autorisation». Un cahier des charges avait même été signé par la société de redistribution d’images de télévision par voie de câbles (SORETEC), une structure qui les regroupe. C'était une manière pour le Président Abdoulaye Wade de leur accorder une certaine légitimité en les réorganisant par la même occasion. Sauf que cela ne leur donne pas le droit de commercialiser les programmes des chaînes cryptées comme le bouquet de Canal+ Horizons ou celui de BeIN.
C’est pourquoi le groupe Canal+ ne l’entend pas de cette oreille et poursuit son offensive. Cela fait une semaine qu’une plainte du groupe a permis à la police de saisir le matériel de plusieurs «câblodistributeurs des quartiers Ouest-foire, Keur Massar, Keur Mbaye Fall et Yeumbeul». Quant au procureur, il qualifie de vols les actes des câblodistributeurs et demande au juge d’appliquer pleinement la loi.