- Le 24 avril 2021, quatre nouveau-nés périssent au service de néonatalogie de l'hôpital Magatte Lo de Linguère (nord). Deux autres sont gravement blessés. Les autorités invoquent un départ de feu dans un climatiseur. Le directeur, démissionnaire, un médecin et une infirmière sont mis en cause par la justice pour homicide par négligence. On ignore l'état de leur dossier.
- Début avril 2022 (le 1er ou le 7 suivant les sources), Astou Sokhna, 34 ans, enceinte de neuf mois, décède dans la même région à l'hôpital de Louga après ce que ses proches décrivent comme une longue agonie et un déni de soins. Elle aurait pendant des heures vainement demandé une césarienne que le personnel lui aurait refusée. Le directeur de l'hôpital a été licencié. Trois sages-femmes sont condamnées le 25 mai à six mois de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger. Trois autres sont relaxées.
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- Début mai 2022, le père d'un bébé assure dans la presse que l'hôpital de Kaolack (centre) l'a informé de la mort de celui-ci et lui a remis un certificat de décès. Alassane Diallo raconte qu'à la morgue on lui a amené la dépouille dans un carton, mais que la fillette s'est mise à crier quand on l'a touchée. Elle a finalement succombé, mais aurait pu être enterrée vivante, dit son père. Une assistante infirmière a comparu le 25 mai pour mise en danger de la vie d'autrui et usurpation de fonctions de médecin. Le tribunal doit rendre son jugement dans les prochains jours.
Solidarité
Ces affaires ont suscité un vif émoi dans l'opinion et de nombreux témoignages d'expériences douloureuses dans les hôpitaux, publics mais aussi privés, à cause des carences du système, mais aussi du traitement réservé aux malades. Elles ont aussi provoqué des expressions de solidarité avec les personnels, qui paieraient pour les manquements des hauts responsables.
Le Sénégal est considéré comme bien mieux loti que nombre de pays africains. Un document du ministère de la Santé, le Plan national de développement sanitaire et social 2019-2028, reconnaît cependant l'ampleur des lacunes malgré les efforts consentis selon lui ces dernières années comme la construction d'hôpitaux ou l'acquisition d'équipements lourds, et l'augmentation du budget alloué au secteur.
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Le document qui fournit des «lignes d'actions» pour que tous les Sénégalais accèdent «à la meilleure qualité de soins possible» à l'horizon 2030 relève que la part du budget national consacré à la Santé est «faible» (8% à l'époque) et que «l’exécution du budget d’investissement atteint rarement les 70%».
Disparités
Le document évoque «un manque généralisé de ressources humaines et financières, d’infrastructures et d’équipements, justifiant les importants écarts qui persistent dans la qualité des soins au niveau des points de prestation de santé». Il parle d'une «prévention et une gestion des risques encore embryonnaires».
«67% des blocs opératoires mis en place dans les centres de santé sont non-fonctionnels (dont 59% par faute d’équipements et de ressources humaines)», dit-il. Le système de maintenance des équipements est «peu performant, entraînant des pannes fréquentes des appareils».
Les centres de santé sont des structures intermédiaires entre postes de santé et hôpitaux dans les petites villes.
Le document souligne aussi la disparité et la répartition inégale de l'offre, ainsi que le déséquilibre entre Dakar et le reste du pays.