Abidjan: des jeunes redonnent aux plages la beauté qui leur va si bien

Des jeunes nettoient la plage du Port-Bouet.

Le 04/10/2024 à 08h35

VidéoLa plage de Port-Bouët, l’une des plus populaires d’Abidjan, est envahie par des détritus de toutes sortes qui la défigurent et polluent son écosystème. Pour lui redonner son lustre d’antan, le Réseau des jeunes pour le développement communautaire a engagé une activité de nettoyage du littoral.

Les membres du Réseau des jeunes pour le développement communautaire (RJDP) se sont engagés à lutter contre l’insalubrité aux abords des plages à travers des activités de sensibilisation et de collecte de déchets plastiques. Après la ville balnéaire de Grand Bassam l’année dernière, le cap est mis sur la plage de Port-Bouët cette année. Objectif: redonner le beau visage qui sied à ce site touristique et de loisir.

Cette initiative s’inscrit dans un projet à long terme visant à redonner un nouveau visage aux plages d’Abidjan, lourdement impactées par la pollution plastique. La plage de Port-Bouët, l’une des plus fréquentées de la ville, est souvent jonchée de détritus, en particulier des déchets plastiques qui mettent des siècles à se décomposer. Cette accumulation dégrade non seulement l’esthétique du paysage, mais elle menace également la biodiversité marine et la santé publique.

«Nous faisons déjà de la sensibilisation, mais ça ne suffit pas, voilà pourquoi nous sommes ici ce matin, en marge de la journée du nettoyage des rives, faire un nettoyage symbolique. L’essentiel pour nous est de marquer la population», a déclaré Dédi Roland, responsable de RJDP.

Sous un soleil éclatant, des dizaines de jeunes, des femmes issues d’associations de la commune de Port-Bouët. vêtus de gilets, armés de sacs-poubelles et de gants, de balais… ils se sont réunis pour entreprendre ce travail noble.

«Cette initiative vise à éveiller les consciences, surtout parmi les jeunes, afin de les inciter à adopter des comportements responsables face aux défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés. Nous ne pouvons pas attendre que d’autres le fassent pour nous, ce pourquoi j’ai accepté de venir jouer ma partition», Digbeu Souleymane, participant, étudiant en biochimie.

Le nettoyage des plages est un acte symbolique, mais il est aussi très concret dans ses résultats. En quelques heures, plusieurs tonnes de déchets ont été collectées sur une portion bien définie, permettant de redonner à cette plage un aspect plus accueillant pour les baigneurs et visiteurs.

Cette action s’inscrit dans la série d’initiatives environnementales que le RJDP souhaite renforcer à travers la capitale économique. Le réseau envisage d’étendre son champ d’action à tout le littoral et d’autres plages, dans la mesure du possible où la pollution est tout aussi alarmante. «Notre objectif est de faire comprendre que la propreté des plages est l’affaire de tous. En nettoyant aujourd’hui», a souligné, Wenceslas Konan, membre de l’amicale des jeunes d’Adjoufou Iran.

Malgré l’enthousiasme et la mobilisation, les défis restent énormes. Le principal problème demeure l’incivisme de certaines populations qui continuent de jeter leurs déchets en mer ou sur les plages. La lutte contre la pollution plastique ne pourra porter ses fruits qu’avec un changement radical des mentalités.

Cependant, des initiatives comme celles du RJDP apportent un vent d’espoir. Elles démontrent que la jeunesse ivoirienne est consciente des enjeux écologiques et qu’elle est prête à se mobiliser pour faire une différence.

À l’avenir, le RJDP espère voir les pouvoirs publics et les entreprises locales s’impliquer davantage dans cette démarche. «Ce que nous faisons est un premier pas, mais nous avons besoin de politiques publiques plus strictes et de l’appui des entreprises pour mener des actions durables», implore Dédi Roland pour conclure.

En 2019, les plastiques ont généré 1,8 milliard de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre, soit 3,4% des émissions mondiales.

La pollution plastique représente une menace sérieuse pour la biodiversité, en particulier pour la vie marine, car elle peut être facilement ingérée, entraînant l’étouffement, les blessures, l’empoisonnement ou la famine des animaux marins. Les déchets plastiques peuvent également bloquer les voies navigables naturelles, polluant l’eau et perturbant son écoulement naturel.

En redonnant un nouveau visage aux plages d’Abidjan, le RJDP montre que chaque geste compte. Il ne fait aucun doute que ce type d’initiative, si elle est poursuivie et amplifiée, contribuera à transformer les plages de la capitale économique en des espaces propres et attractifs, au bénéfice de tous.


Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 04/10/2024 à 08h35