Afrique de l’Ouest et centrale: l’érosion côtière et ses coûts économiques et humains

L'impact de l'érosion côtière.

Le 28/11/2023 à 10h21

Les assauts de la mer contre la terre ferme, aggravés par le réchauffement climatique, est un danger qui guette de nombreuses villes africaines. A l’approche du sommet mondial sur le climat de Dubaï, il ne serait peut-être pas inutile de rappeler que l’érosion des sols devrait entrainer des dommages évalués à plus de 86,5 milliards de dollars à douze grandes villes d’Afrique de l’Ouest et centrale.

A moins de 48 heures du début de la COP28, la conférence sur le climat des Nations unies qui se tient du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, les ravages du dérèglement climatique continuent de toucher de nombreux pays africains. L’Afrique est pourtant faiblement pollueur et donc faiblement responsable des émissions de CO2, en grande partie à l’origine du changement climatique. L’un des impacts visibles est l’érosion des côtes de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et centrale. «L’Afrique émet seulement 4% des gaz à effet de serre mais est soumise à plus de chocs que les autres continents, car étant le plus exposé aux effets du changement et de la variabilité climatiques», prévient une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

En Afrique de l’Ouest, petit-à-petit, les belles plages de nombreuses villes sont rognées par l’érosion du sol, un phénomène perceptibles depuis des années et qui touche plusieurs villes, dont des capitales politiques et économiques.

Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, forum de recherche et de programmes académiques, au rythme actuel, le niveau des mers devrait augmenter de 0,3 mètre d’ici 2030, ce qui affecterait 117 millions d’Africains.

Certaines capitales risquent de disparaître les décennies à venir avec la montée des eaux. Dans certaines villes, on se bat depuis des années contre l’érosion des plages. C’est le cas de Saint-Louis au Sénégal, mais aussi Monrovia, la capital du Liberia, Freetown (Sierra Leone), Nouakchott (Mauritanie), Abidjan (Côte d’Ivoire)… A Freetown en Sierra Leone, certains quartiers perdent quotidiennement des habitats, emportés par les flots.

Partout dans ces pays, les autorités et les populations mènent une lutte contre l’érosion côtière. Une lutte qui semble, dans la plupart des cas, perdue d’avance. Partout, les plage rétrécissent et les stations balnéaires, qui attiraient les touristes, généraient des devises et créaient des emplois, sont menacés de disparition.

Face à ces menaces, les Etats et les populations recourent souvent à des moyens rudimentaires en empilant des sacs de sables pour freiner et/ou ralentir l’érosion des sols. Si ces moyens du bord ralentissent l’érosion, ils sont loin de constituer une réponse durable. Pour preuve, partout, la mer gagne du terrain.


En détruisant constructions et infrastructures, cette érosion côtière a des impacts négatifs sur les économies de la région. Or, les zones côtières d’Afrique de l’Ouest génèrent 56% de l’activité économique de la région et concentrent un tiers de la population, d’après une étude de la Banque mondiale de 2019.

Selon les experts climatiques des nations unies, sans adaptations, les dommages causés par l’élévation du niveau de la mer pourrait coûter jusqu’à 86,5 milliards de dollars à 12 grandes villes côtières africaines d’ici 2050.

La capitale économique ivoirienne Abidjan figure parmi les importantes villes de la sous-région qui seront durement affectées par les effets du changement climatique. Il faut souligner que le taux d’érosion des côtes ivoiriennes se situe en moyenne entre 0,5 et 3 mètres par an sous l’effet des vagues scélérates. Ce qui est énorme.


Les impacts du changement climatique sont aggravés par la poussée démographique vers les pays côtiers à cause d’une urbanisation galopante et souvent sauvage.

En plus, les Etats sont obligés de consacrer de colossaux investissements pour tenter de freiner cette érosion des sols. D’où les multiples demandes des pays en développement afin que la promesse de 100 milliards de dollars par an pour aider les pays les plus pauvres à s’adapter aux impacts du changement climatique, comme l’élévation du niveau de la mer, puissent être respectées par les pays développés qui sont les principaux pollueurs et responsables des émissions à effet de serre derrière le dérèglement climatique.

Les assauts de la mer contre la terre ferme n’est que la partie visible de l’iceberg du réchauffement climatique: phénomènes météorologiques imprévisibles, inondations, hausse du niveau des océans, vagues de chaleur…

Autant de facteurs qui impactent négativement sur les secteurs stratégiques de nombreux pays de la sous-région. La forte baisse de la production du cacao de la Côte d’Ivoire cette année, sous l’effet des inondations, va impacter sur la croissance du PIB. La filière du cacao représente autour de 20% de la richesse du pays.

Par Moussa Diop
Le 28/11/2023 à 10h21