Afrique du Sud: l’assassin du militant anti-apartheid Chris Hani expulsé vers la Pologne

Janusz Walus témoigne lors de l'audience de la Commission Vérité et Réconciliation à l'hôtel de ville de Pretoria le 20 août 1997. L'immigrant polonais Walus demande pardon pour l'assassinat du chef du parti communiste populaire Chris Hani, en 1993.

Le 06/12/2024 à 10h53

L’assassin du militant anti-apartheid Chris Hani, remis en liberté conditionnelle en 2022 après une trentaine d’années derrière les barreaux, va être expulsé vendredi vers la Pologne, a annoncé le gouvernement sud-africain lors d’un point presse.

Cette expulsion de Janusz Walus, aujourd’hui âgé de 71 ans, «ne sera pas financée par les contribuables sud-africains, y compris la veuve de Chris Hani» mais par la Pologne, a précisé le ministre des Affaires intérieures, Leon Schreiber.

Cet immigré polonais lié à l’extrême droite blanche afrikaner avait été condamné pour le meurtre de Chris Hani, haut responsable de la branche armée de l’ANC, en avril 1993, dans un contexte de délicates négociations avec le pouvoir blanc en vue des premières élections démocratiques.

Sa mort violente avait alors exacerbé les tensions raciales et provoqué de violentes émeutes.

Janusz Walus a longtemps eu la double nationalité mais l’Afrique du Sud lui avait retiré sa citoyenneté en 2017, a rappelé la ministre à la présidence, Khumbudzo Ntshavheni.

La remise en liberté conditionnelle de cette «figure polarisante», selon l’expression des services pénitentiaires, avait réveillé des souvenirs douloureux en Afrique du Sud fin 2022.

Quelques jours avant la date de sa remise en liberté conditionnelle, Janusz Walus avait même été poignardé en prison dans la foulée de cette annonce controversée et avait été soigné à l’hôpital avant d’être libéré le 7 décembre 2022.

Le mois précédent, la plus haute cour du pays avait ordonné sa libération anticipée, assortie de deux ans de liberté conditionnelle qui ont pris fin vendredi, a rappelé le gouvernement.

Chris Hani, marié et père de famille, alors âgé de 50 ans, était aussi le secrétaire général du parti communiste sud-africain, allié à l’ANC.

Condamné à mort en 1993, Janusz Walus avait ensuite vu sa peine commuée à la prison à vie en 2000. Pendant une dizaine d’années, toutes ses demandes de libération conditionnelle avaient été rejetées.

Il avait été arrêté quelques minutes après l’assassinat. Dans sa voiture, la police avait découvert l’arme du crime et sur sa chemise, des traces de sang.

La mort de Chris Hani, au Panthéon des héros de la lutte anti-apartheid, est commémorée chaque année en Afrique du Sud.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 06/12/2024 à 10h53