En dépit de l’amélioration du niveau des réserves de change du pays, les dirigeants algériens continuent d’appliquer la politique d’interdiction à grande échelle des importations de produits, y compris de médicaments essentiels et que le pays ne produit pas ou alors en quantités insuffisantes.
Dernière en date, l’interdiction d’importation de produits anesthésiants utilisés en médecine dentaire. Cette interdiction d’importation d’anesthésiants de manière subite a surpris les praticiens.
Une situation qui se fait ressentir dans de nombreuses cliniques sachant que sans l’anesthésie, il est impossible de pratiquer certains soins dentaires. Conséquence immédiate: depuis quelques semaines, certaines cliniques tournent en mode ralenti.
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Une situation critique sachant qu’il faut payer les salariés et de s’acquitter d’autres charges incompressibles (loyer, charges financières, factures d’eau et d’électricité…). En l’absence de réponses favorables des autorités de tutelle, de nombreuses cliniques n’avaient d’autres choix que d’arrêter certaines opérations dentaires faute d’anesthésiants indispensables pour certains traitements. Selon le président du Conseil national de l’ordre des médecins dentistes d’Algérie, Dr Dib Mohamed Réda, «on compte 10.000 à 15.000 dentistes qui sont à l’arrêt».
Face à cette situation de blocage et des risques qui pèsent sur la profession, la corporation a alerté le président Abdelmadjid Teboune en personne, le23 avril courant, en lui adressant une lettre, afin qu’il intervienne en urgence pour que la situation soit débloquée, remettre les cliniques en marche et soulager par la même occasion les souffrances de la population.
Avant cette interdiction, l’Algérie était approvisionnée à partir de trois pays: France, Espagne et Tunisie. L’interdiction d’importation s’est traduite par l’arrêt des importations en provenance de ces trois pays sans qu’aucune alternative ne soit offerte aux praticiens.
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Il faut souligner que cette interdiction d’importation d’anesthésiants intervient alors que le pays connait des pénuries de nombreux médicaments. En effet, à défaut d’avoir une vision stratégique, à moyen et long terme, pour réduire les importations en les substituant par la production locale, les autorités algériennes ont fait de l’interdiction des importations une «politique économique» dont le seul objectif est de réduire les sorties de devises afin de conserver les réserves de change du pays et ce en dépit des conséquences néfastes sur l’économie et les populations.
Au niveau du secteur de la santé, ces interdictions ont particulièrement touché celui des médicaments entrainant des pénuries de plus de 300 médicaments dont essentiellement ceux servant à traiter certaines pathologies dont la tension artérielle, le diabète, le cancer des enfants…
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Plus largement, cette politique concerne l’interdiction des importations d’un millier de produits dont les véhicules depuis bientôt 7 ans, entrainant le vieillissement du parc automobile du pays et l’augmentation des accidents faute de pièces de rechange, des produits alimentaires… Ces interdictions qui ne sont pas comblées par une production locale sont à l’origine de pénuries diverses et de hausse des prix de nombreux produits affectant particulièrement le pouvoir d’achat des citoyens algériens, notamment les plus démunies et la classe moyenne.