Avec moins d’un élève sur deux admis au BAC, le Sénégal doit se poser des questions sur son système éducatif

Des élèves en attente des résultats du bac 2025.

Le 18/07/2025 à 07h35

VidéoAvec un taux de réussite au BAC de 42,85% après les délibérations du second tour, les chiffres sont en recul par rapport à l’année précédente. Une baisse qui inquiète, tant au niveau des résultats qu’au niveau des défis éducatifs du pays.

Sur 166.439 candidats inscrits, 162.125 ont effectivement passé leurs épreuves. Seuls 33.751 candidats, soit 21,12%, ont été admis dès le premier tour. La seconde session a permis de repêcher 35.723 élèves, portant le nombre total des admis à 69.474, mais ce chiffre reste bien en deçà des 50% de réussite atteints en 2024.

Des disparités inquiétantes éclatent au grand jour notamment dans les séries littéraires. La série L2, avec plus de 88.000 inscrits, atteint seulement 41% de réussite.

L’Office du Bac pointe du doigt un déséquilibre structurel dans l’orientation scolaire. Beaucoup d’élèves sont massivement dirigés vers les humanités, faute de choix suffisants dans les domaines scientifiques ou techniques.

«Les résultats sont mitigés et cela signifie qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. Les élèves ont rencontré des difficultés. Par exemple, j’ai entendu dire que l’épreuve de mathématiques était particulièrement difficile, notamment pour les séries L2. J’ai discuté avec un professeur de maths qui m’a confirmé cela», a souligné Mohamed Takiyoulah Ndiaye, proviseur et chef d’un centre d’examen.

«Cette chute considérable interpelle tout le système éducatif, les acteurs présents sur le terrain, mais également les autorités. C’est un signal qui montre que nos élèves rencontrent de réelles difficultés, tant au niveau de l’apprentissage que de la préparation», a ajouté Mamadou Diop, directeur pédagogique d’une école privée.

Bien que les séries scientifiques enregistrent des résultats légèrement meilleurs, avec la S2 à 54% et la S1 atteignant près de 94%, les séries techniques et professionnelles restent loin des standards, avec des taux de réussite inférieurs à 50%.Autre point faible, le nombre de mentions.

En 2025, seuls 139 élèves ont obtenu la mention «Très Bien», soit à peine 0,2% des candidats. Ces résultats laissent place à une réflexion approfondie sur l’état du système éducatif sénégalais.

Pour le proviseur, l’amélioration de la qualité de l’enseignement doit passer par un investissement massif dans le secteur éducatif. «Il faut investir dans les écoles. Il faudra revoir les infrastructures, améliorer les conditions de travail et surtout permettre aux élèves de bénéficier de remédiation. On investit beaucoup dans l’enseignement supérieur, dans les universités. On construit des universités... mais cet argent aurait pu être utilisé autrement, car c’est à ce niveau que tout commence», a insisté M. Ndiaye.

Pour Mamadou Diop, directeur pédagogique d’une école privée, une révision complète du système éducatif est indispensable pour inverser cette tendance. «Il faut revoir également le système éducatif. Tout le monde le sait, y compris les autorités: le programme actuel est volumineux, mal assimilé, contient des informations obsolètes. Il faut aussi que les autorités aient le courage de revoir le curriculum et de l’adapter aux réalités d’aujourd’hui. Sinon, nous continuerons à former des étudiants qui n’ont pas les outils pour réussir», a poursuivi Mamadou Diop.

Malgré ces résultats décevants, l’année scolaire 2025 se termine dans un climat d’incertitude, mais aussi d’espoir. Les autorités, les enseignants et les élèves se préparent désormais pour la rentrée scolaire, pleinement conscients des défis à relever pour assurer un avenir meilleur aux jeunes générations.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 18/07/2025 à 07h35