Bamako. «Il n’y que des preuves d’amour»: pour Salimata Ballo, la passion de l’environnement est source d’entreprenariat

Salimata Ballo, fondatrice de Culture Éco, une entreprise de recyclage.

Le 21/09/2025 à 08h54

VidéoA Bamako, comme dans d’autres villes du Mali, il n’est pas rare de voir des vendeurs ambulants qui proposent à une clientèle variée de l’eau conditionnée dans des sachets plastiques. Au-delà du risque sanitaire, se pose la question du recyclage de ce matériau non-biodégradable. Salimata Ballo a répondu en créant Culture Éco, une entreprise de recyclage.

En progression constante, le taux d’accès à l’eau potable n’excède pas 70% de la population malienne. Afin d’améliorer la fourniture de ce précieux liquide au plus grand nombre, la Banque mondiale a approuvé, en janvier dernier, un crédit de 100 millions de dollars pour appuyer le Mali à augmenter l’accès à l’eau potable et améliorer la conservation des sources d’eau dans des villes bénéficiaires.

En attendant que ce projet aboutisse, l’eau continue d’être conditionnée dans des sachets plastiques et commercialisée par des vendeurs informels dans les marchés et les rues. Ce commerce fleurit davantage lors d’évènements sociaux. Une fois les convives désaltérés, les sachets plastiques sont abandonnés dans la nature, et deviennent source de pollution.

Ce phénomène social et environnemental a fait naître chez Slimata Ballo l’idée de récupérer et de recycler cette matière. La détentrice de deux licences, en développement durable et énergie renouvelable et en agroéconomie, a créé Culture Éco, une entreprise de confection et de vente de sacs une fois recyclés et transformés en un éventail de produits utilitaires.

«L’idée de créer cette entreprise de sachets plastiques vient d’un constat. Lors des cérémonies socioculturelles, on utilise les sachets d’eau, mais après la cérémonie, les sachets ne servent plus à rien et sont jetés dans la nature». Avec sa société, les rebus deviennent gains financiers et écologiques.

Après avoir ramassé les sachets d’eau utilisés dans les rues, l’entrepreneuse procède au tri, au nettoyage puis à la désinfection de la matière récupérée. Ultimes étapes de ce processus, l’assèchement et le durcissement qui précèdent la confection de sacs.

«Il n’y a pas transformation à proprement dire, mais plutôt un travail de durcissement pour que le sac résiste plus longtemps. On n’a remarqué qu’il y a une prise de conscience collective autour des questions environnementales. Les Maliens aiment un environnement bien entretenu. Mais cet amour doit passer par de pareilles initiatives».

Pour sa part, Dr Mohamed Berthé, enseignant chercheur à l’école supérieure de journalisme et des sciences de la communication (ESJSC), «le recyclage des sachets d’eau en sacs utilisateurs, c’est la meilleure manière de se débarrasser du plastique. Cela revient à faire de l’économie circulaire. J’en appelle à l’ensemble des opérateurs industriels à respecter l’environnement, un respect synonyme de santé publique».

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)
Le 21/09/2025 à 08h54