Burkina: près de 5 millions de personnes ont besoin « d’aide urgente », s’inquiète l’ONU

Une vache affamée est vue près de Ouahigouya, au nord du Burkina Faso, le 9 mai 2010. Le gouvernement du Burkina Faso a mis en place des ventes de nourriture en avril, dans le nord du pays, pour lutter contre une crise alimentaire et la sécheresse. La nourriture était vendue à des prix préférentiels dans les régions les plus vulnérables du pays. AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO (Photo par ISSOUF SANOGO / AFP)

Une vache affamée est vue près de Ouahigouya, au nord du Burkina Faso, le 9 mai 2010.

Le 26/10/2022 à 15h16

Quelque 4,9 millions de personnes ont besoin « d’aide urgente » au Burkina Faso, s’est alarmé mercredi l’ONU, en particulier dans le nord du pays où plusieurs villes sont soumises à des blocus de groupes jihadistes.

De retour d’une visite à Djibo (nord), Martin Griffiths, sous-secrétaire général de l’ONU chargé des affaires humanitaires, a dépeint une situation alarmante.

Selon lui, si l’ONU a pu fournir de la nourriture à 1,8 million de personnes cette année, « près de 4,9 millions de personnes ont besoin d’aide urgente - un cinquième de la population du Burkina - et près de 10% de la population a été contrainte de fuir son foyer », dans le pays.

A Djibo, « il n’y avait pas de denrées au marché, et il n’a pas été possible » de récolter beaucoup de quoi se nourrir « dans la région. Le bétail a été emporté. Des mères sont obligées de nourrir leurs enfants avec des feuilles et du sel », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse à New-York retransmise en ligne.

« Même les feuilles se font rares. Des femmes nous ont expliqué qu’elles sortaient la nuit dans les villages alentours pour nourrir leurs enfants (...) risquant des attaques, des viols et la mort », a-t-il poursuivi.

La ville de Djibo est soumise depuis plusieurs mois à un blocus des jihadistes qui ont coupé les principaux axes y menant en faisant sauter des ponts.

La population de la ville - autour de 300.000 habitants - a triplé en quelques années avec l’arrivée de déplacés internes chassés par des attaques jihadistes.

« La situation à Djibo n’est pas unique. Des dizaines de localités au Burkina font face à un fléau similaire: des routes bloquées par la présence de groupes armés qui laissent les population sans nourriture, médicaments ou services essentiels », selon M. Griffiths.

Lors de sa visite au Burkina Faso, il a rencontré le nouvel homme fort du pays, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch le 30 septembre et qui a annoncé vouloir reconquérir « les territoires occupés par ces hordes de terroristes ».

M. Griffiths a indiqué que le capitaine Traoré s’était engagé à prendre « les mesures nécessaires » pour que l’ONU puisse remplir ses « obligations » humanitaires.

Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des mouvements jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI).

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 26/10/2022 à 15h16