Deux millions de francs CFA, soit 3.200 euros, voire plus, c’est en moyenne le coût de la dot dans la communauté beti au Cameroun, pays où le salaire moyen est de seulement 188 euros. Toutefois, la dot peut légèrement être revue à la baisse lorsque la famille juge l’opportunité fondée sur des raisons valables.
Au Cameroun, les Beti vivent dans les régions du Centre, du Sud, de l’Est et une infime partie dans la région de l’Adamaoua. Dans cette communauté, l’enfant est considéré comme celui de toute la communauté et non seulement celui ou celle des parents géniteurs. Par conséquent, ses actifs et ses passifs reviennent à tous les membres de la communauté, sans aucune discrimination.
Le mariage étant sacré, il revient à la belle-famille de prouver son amour à l’endroit non seulement de la fille à marier mais aussi de sa famille. «C’est pourquoi les rites du mariage chez nous imposent qu’on inflige un traitement peu recommandable aux membres de notre future belle-famille. Ils doivent, par exemple, manger la papaye non-mure, sucer l’ananas pas encore mature et bien d’autres choses sans qu’ils ne manifestent leur mécontentement. Faute de quoi, les cérémonies prénuptiales prennent fin», déclare un octogénaire qui ajoute au sujet du caractère excessif de la dot: «en réalité, la dot n’a pas de prix. Tout dépend des relations que notre fille entretient avec son amant et du caractère respectueux ou non de cette relation. Il y a des mariages que nous avons validés avec très peu des choses parce que nous avions jugé la sobriété de notre gendre. Voyez-vous, il y a des gens qui attendent 20, 30 ans de vie commune avec nos filles avant de venir les doter. C’est avec ceux-là que nous sommes un peu plus rigoureux».
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Il faut rappeler qu’avant toute dot, une liste des objets à apporter à la belle famille est dressée. Celle-ci est généralement composée de quatre à dix porcs de grande et moyenne grosseurs, d’autres bêtes comme des chèvres, ou encore des sacs de riz, des bidons d’huile raffinée, des cartons de savon, des sacs d’arachide ou de pistache, des cartons de poissons frais et secs, des sacs d’oignons ou d’ails.
A quoi s’ajoutent les tissus pour le pagne de la belle-mère et un costume pour le beau-père. Une liste évaluée, au plus bas, à 2 millions de Fcfa.
Pour certains Camerounais, c’est un frein au mariage civil lequel n’exige pourtant que le consentement des deux futurs mariés accompagnés de deux témoins car les hommes préfèrent éviter une dette morale à l’endroit de leurs belles-familles.