Cameroun: ballotée entre le droit et la coutume, la femme n’hérite toujours pas des biens fonciers

Une agricultrice camerounaise.

Le 18/03/2023 à 11h54

VidéoLe Code civil camerounais consacre l’égalité entre les enfants, filles et garçons. Ce qui implique le partage égal des biens légués par les parents à leur décès. Seulement, certaines cultures ne reconnaissent pas le droit à une fille d’hériter d’un bien immobilier et foncier. Ce qui réduit l’épanouissement de la gente féminine.

La célébration de la Journée internationale de la femme a été l’occasion, une fois de plus, de débattre des différents sujets portant sur les cas de violation des droits que subit encore au quotidien la femme camerounaise.

Parmi les sujets qui ont du mal à connaître une évolution favorable figure le droit à la propriété foncière de la femme camerounaise. Il faut rappeler que ce sujet fait toujours débat au sein de l’opinion à cause des difficultés que la gente féminine rencontre pour son plein épanouissement, notamment lors de l’héritage des biens.

Pour Cyrille Rolande Bechon, directrice exécutive de l’Organisation non gouvernementale Nouveaux Droits de l’Homme Cameroun, si les pouvoirs publics admettent que les femmes obtiennent des titres fonciers de leurs parcelles de terrain, certaines coutumes refusent encore de reconnaitre le droit à une femme mariée d’hériter d’un bien immobilier légué par ses parents.

Cette pratique s’observe dans les régions septentrionales du pays, les régions du Centre, du Sud, de l’Est et une bonne partie de la région de l’Ouest. «Tout est fait dans les familles comme si le mariage venait éteindre tous les droits de l’enfant fille. Et laissez-moi vous dire que cette exclusion est une autre expression de la violation de ses droits parce qu’elle ne peut pas directement hériter des biens de son conjoint», déclare-t-elle.

Certains gardiens de la tradition estiment ne sont pas de cet avis. Pour eux; il est inconcevable qu’une femme mariée hérite de son époux et des ses parents.

«Chacune des personnes sur cette terre est appelée à n’avoir qu’une seule famille d’appui. D’où vient-il que la fille doit hériter des biens de ses parents en plus des biens de son mari? La coutume ne peut l’admettre que lorsque la fille perd son mari étend encore toute jeune et n’ayant pas de progéniture avec son ex-époux. Dans ce cas, la famille peut lui venir en aide en lui donnant temporairement quelques biens», soutient un septuagénaire rencontré à son domicile à Yaoundé. Sauf que le droit écrit est au-dessus de la coutume.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 18/03/2023 à 11h54