Cameroun: Ekali I, le village qui fait corps avec le bois

Batteur d'instrument à percussion traditionnel.

Le 20/10/2024 à 15h59

VidéoAvec ses 22,5 millions d’hectares, le Cameroun dispose du deuxième massif forestier d’Afrique après celui de la RDC et c’est autant d’essences, matières premières des artisans d’un petit village Ekali I. Les secrets de la fabrication d’ustensiles et les instruments de musique n’échappent pas aux mains expertes de ces artisans qui ont fini par faire corps avec le bois.

Ekali I est une petite localité de la commune de Mfou, dans le département de la Mefou-Afamba, région du Centre. Ekali I est situé sur la route de Mbalmayo à une trentaine de kilomètres de la capitale Yaoundé, non loin de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen.

C’est ce village qui est devenu au fil des années, la référence au Cameroun pour la fabrication des objets faits de bois. Les ustensiles de cuisine (mortier, cuillères, fourchettes, bols) comme les instruments de musique (tamtams, balafons, tambours) rien n’échappe aux mains expertes des artisans qui ont fini par faire corps avec le bois.

Pour la fabrication de tous ces objets, les artisans qui se recrutent parmi les jeunes et les doyens, ont aménagé des espaces en bordure de route qui leur servent d’ateliers. Et c’est toujours dans ces endroits que leurs différentes créations sont exposées et mises en vente.

«Je suis actuellement le doyen de tous les artisans d’ici. C’est mon grand-père qui a introduit cette technique au village. Il l’avait apprise pendant son séjour à la prison de Yogo. Revenu ici au village, il l’a enseignée à tous ses frères. Moi je suis de la 3ème génération», a déclaré Anaba Jean-Claude tout affairé à fabriquer un mortier.

Jean-Claude, 62 ans, totalise une expérience d’environ 45 ans. Il a formé, selon ses dires, plusieurs générations d’artisans. À ses côtés, un jeune homme réunit toutes ses forces pour faire naître les premières formes d’un future tamtam.

Le marteau creuseur tenu fermement de la main droite, le bras gauche serrant le tronc d’arbre, Charly explique sa présence, «je viens de temps en temps aider mon oncle. Ça me permet d’apprendre les rudiments de cet artisanat, même si je ne veux pas faire carrière. Mon ambition est de travailler dans l’administration», Charly connait presque toutes les essences de bois utiles à la fabrication de leurs objets. Il peut les identifier en brousse comme dans les ateliers. Il se sert par exemple du Padou pour fabriquer les mortiers ou d’autres ustensiles de cuisine.

Ces connaissances sont pratiquement universelles dans ce village connu au Cameroun comme le siège des objets fabriqués en bois.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 20/10/2024 à 15h59