Cameroun: les employés domestiques revendiquent leurs droits, le gouvernement appelé à faire le ménage

Le 02/07/2024 à 09h14

VidéoTravail sans contrat, heures supplémentaires non rémunérées, conditions de vie intenables chez l’employeur... Pour mettre fin au «calvaire» que vivent les employés de maison, des associations ont tenu une réunion à Yaoundé avec les représentants du Bureau pays de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) lors de laquelle l’étude sur le travail domestique au Cameroun a été présentée. Une seule revendication est revenue sur toutes les lèvres: la ratification par le gouvernement camerounais de la convention 189 de l’OIT.

Les travailleurs domestiques au Cameroun vivent dans des conditions difficiles. Engagements sans contrat de travail, non-paiement des heures supplémentaires, discriminations de toute sorte sur leur lieu de travail et au-delà, ajoutés à toutes les formes de violences dont ils sont victimes ainsi que des salaires impayés, nombreux ne savent plus à quel saint se vouer.

«C’est le contrat verbal qui prime, le temps de travail est fortement élevé (49h/semaine), les salaires sont extrêmement bas (68,1% touchant moins du SMIG) et parfois inexistants dans 16% des cas, avec des travailleurs qui ont un salaire moyen de 26 597 F. CFA et qui sont exclus du système de sécurité sociale tout en étant fréquemment victimes de violences et d’abus», indique l’ONG Horizons femmes sur son site internet.

Ces différents abus ne sont pas perpétrés uniquement par les employeurs camerounais mais aussi par certains expatriés, réduisant ainsi à néant les efforts des acteurs de la société civile et du gouvernement dans la promotion, la vulgarisation et la protection des droits de cette catégorie de travailleurs.

Les actions sont menées par le Syndicat National des Travailleurs et Travailleuses Domestiques Professionnels (SNATDPRO) qui multiplie les séances de sensibilisation et de concertation à travers les dix régions du Cameroun.

L’une de ses actions fortes a contraint le gouvernement, à travers le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, à s’engager pour la ratification de la convention 189 de l’OIT sur le travail décent des travailleurs et travailleuses domestiques.

Ladite convention a été adoptée le 16 juin 2011 lors de la 100e session de la Conférence générale de l’OIT à Genève. Cette convention reconnaît, dans son préambule, la contribution significative des travailleurs domestiques à l’économie mondiale, notamment en augmentant les possibilités d’emploi rémunéré pour ces travailleurs ayant des responsabilités familiales, en développant les services à la personne pour les populations vieillissantes, les enfants et les personnes handicapées, ainsi qu’en générant des transferts de revenus substantiels.

Au niveau international, un rapport de l’OIT, publié en 2021, a révélé que 81% des travailleurs domestiques étaient employés de manière informelle, en raison de lacunes dans la couverture juridique ou de lacunes dans la mise en œuvre


Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 02/07/2024 à 09h14