Le Songo’o est un jeu traditionnel de la famille des semailles. Il est pratiqué en grande partie par le peuple Ekang situé dans le bassin du Congo, composé d’un ensemble d’individus ayant le même ancêtre. Ce partage des origines est visible à travers les multiples similitudes dans leurs comportements.
Les Ekangs se retrouvent principalement au Cameroun, au Gabon et en Guinée Equatoriale. On les reconnait, par exemple, par la grande proximité de leurs langues que sont le Ntoumou, le Bulu et le Fang. Ce sont ces peuples qui ont en réalité développé ce jeu aux origines qui se perdent dans les dédales de l’histoire.
Les anciens indiquent néanmoins que le Songo’o est cet instrument qui permettait aux populations, particulièrement aux hommes d’une région donnée, de multiplier des rencontres entre eux afin de débattre des problèmes de société. Ces rencontres se faisaient généralement chez les chefs traditionnels ou chez les notables. Certains auteurs écrivent que ce jeu «a été conçu pour faire passer, sous une forme ludique et attrayante, une connaissance traditionnelle scientifique».
Progressivement ce jeu s’est démocratisé au point où tout individu peut désormais s’en procurer pour une partie avec amis et proches.
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Le Songo’o se joue à deux. Chaque territoire est constitué de sept cases où dans chacune se trouvent cinq graines. Ces graines doivent être solides pour éviter qu’elles ne s’effritent durant le jeu. Les joueurs jouent à tour de rôle et sont libres de désigner celui qui commence la partie.
Le principe du jeu consiste à prendre le plus grand nombre de graines possible pour gagner la partie. Il y a prise lorsque la dernière graine à lancer dans le camp de l’adversaire atterrit dans une case contenant une ou deux graines.
Il existe deux grandes variétés du jeu de songo’o selon qu’on soit Fang ou Eton. Les Etons appartiennent aussi au peuple Ekang mais sont légèrement éloignés de la souche principale.
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A Yaoundé, plusieurs fans de ce jeu ont créé des associations dans le but de promouvoir et de valoriser cet héritage culturel des peuples de la forêt. Des associations parmi lesquelles Songo’o kulu du quartier Mokolo situé dans le 2ème arrondissement de la capitale politique du Cameroun.
D’autres associations organisent régulièrement des compétitions nationales et internationales. Les jeunes sont invités à prendre la relève mais dans des strictes limites car certains anciens indiquent que le jeu de Songo’o peut facilement éloigner le joueur des autres objectifs de la vie lorsque celui-ci en devient dépendant.