Casamance: malgré les surcoûts, les bonnes affaires de la noix de cajou

Le 30/06/2024 à 10h53

VidéoEn Casamance, la culture de l’anacarde est une activité économique majeure pour de nombreux producteurs locaux qui pourraient décupler leurs recettes n’étaient les intermédiaires qui revendent 6 fois plus cher le kilo de noix de cajou. Les marchés local et international sont friands de cette graine qui peut être consommée en l’état ou transformée selon les goûts.

À Goudomp, dans la verdoyante région de Casamance, des champs d’anacardier s’étendent à perte de vue. Ici, la culture de cet arbre offre prospérité et respect aux producteurs locaux.

Robert Mingou fait partie de ces cultivateurs qui ont consacré leur vie à cette culture. Plus lucrative que la culture de l’arachide, du mil ou du maïs, la noix de cajou, qui se négocie à pas moins de 1.000 francs CFA le kilogramme (environ 1,5 euro), représente une véritable bénédiction pour les habitants de la Casamance. Certains producteurs parviennent à récolter près de 15 tonnes par an, leur rapportant ainsi des millions de francs CFA.

Cependant, ces revenus auraient pu être nettement supérieurs si les producteurs n’avaient pas à faire aux intermédiaires qui fixent les prix d’achat et revendent ensuite les noix à des prix beaucoup plus élevés. Après décorticage, le kilogramme de noix d’anacarde est vendu jusqu’à 5 ou 6 fois plus cher, passant entre les mains de plusieurs acteurs qui vivent de cette filière.


L’année 2023 a été exceptionnelle pour la production de noix de cajou au Sénégal, avec 160.000 tonnes récoltées, avait révélé en mai dernier Boubacar Konta, président de l’Interprofession cajou du Sénégal (ICAS). Cette production a connu une hausse considérable par rapport à 2022, où elle s’était établie à 87.000 tonnes, représentant une valeur financière de 95 milliards de francs CFA (environ 144,8 millions d’euros) et une progression de 84 %. Selon les données officielles, la production sénégalaise de noix de cajou ne s’élevait qu’à 19.000 tonnes en 2011.

Cette performance souligne la nécessité de développer davantage la filière qui fait vivre des milliers de familles en Casamance et dans d’autres régions du Sénégal. «Nous devons être en mesure de transformer sur place au moins 30 % de la production, ce qui n’est pas encore le cas», a déclaré le responsable de l’ICAS.

Malgré les défis liés à la présence d’intermédiaires et à la fluctuation des prix sur les marchés internationaux, la culture de l’anacarde reste une activité économique florissante dans la région de Casamance. Cependant, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour optimiser la chaîne de valeur et permettre aux producteurs de bénéficier pleinement de leurs récoltes.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 30/06/2024 à 10h53