C’est la saison des pluies en Guinée: les cultures maraichères noyées sous les ordures

Le 20/05/2025 à 08h13

VidéoLes bas-fonds, ces terres fertiles situées en contrebas de cours d’eau, sont victimes de la topographie et du comportement humain. La saison des pluies, l’une des plus intenses d’Afrique de l’Ouest, est également la période de l’année durant laquelle les déchets emportés par les eaux finissent leur parcours dans les parcelles de légumes. Des familles entières se retrouvent privées de revenus.

Dans ces périmètres, sont cultivés des légumes essentiels comme l’aubergine, le gombo ou encore le manioc. Une véritable bouffée d’oxygène économique pour les femmes qui y travaillent.

Pourtant, dès les premières pluies les déchets ménagers finissent dans les champs, regrette M’maferin Bangoura, maraîchère. «Ces bas-fonds sont notre seule source de revenus. C’est avec ce que nous gagnons ici que nous nourrissons nos enfants et payons leur scolarité. Mais quand la saison des pluies arrive, les ordures envahissent tout: couches usagées, vieux matelas… Nos potagers disparaissent sous les déchets».

En république de Guinée, la saison des pluies qui sévit de mai à octobre, est l’une des plus importantes d’Afrique de l’Ouest avec plus de 4 mètres de précipitations par an. Les flots en furie emportent tout sur le chemin y compris les déchets ménagers qui finissent par submerger les parcelles durement travaillées par les agricultrices.

Certaines de ces femmes, organisées en groupements ou ONG, mènent des actions pour tenter de limiter l’impact de la pollution afin d’empêcher que les ordures n’atteignent les zones cultivables car le risque est bien réel de voir disparaître des dizaines d’emplois ce qui priverait de nombreuses familles de leur principale source de subsistance, souligne Aissatou Bah. «Aujourd’hui, nous sommes toutes mobilisées pour stopper ce fléau. Si les ordures se retrouvent dans les potagers, c’est parce qu’elles sont jetées dans les caniveaux. Nettoyons tous ensemble avant qu’il ne soit trop tard», lance la militante locale.

Mais, parfois, les dégâts sont irréparables. Certaines femmes savent d’avance qu’il sera impossible d’exploiter leurs potagers pendant toute la saison des pluies. Les périmètres deviennent impraticables, voire inaccessibles. «Vous verrez ici des déchets venus de partout. Cela nous pousse à abandonner les lieux. Il faut que les autorités prennent leurs responsabilités», alerteM’maferin Bangoura.

En Guinée, le secteur agricole contribue à hauteur de 29% au PIB et emploie environ 58% de la population active.

Comme chaque année, ces femmes s’apprêtent à affronter des mois difficiles. Pendant la saison pluvieuse, nombreuses sont celles qui devront trouver d’autres moyens de subvenir aux besoins de leurs familles, faute de pouvoir récolter leurs cultures, englouties sous les ordures.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 20/05/2025 à 08h13