Conakry: quand le foot s’arrête, les vidéoclubs jouent les prolongations

Un vidéoclub déserté par les clients faute de matchs.

Le 23/06/2025 à 14h17

VidéoLorsque l’été siffle la fin des championnats européens et de la Champions League, les vidéoclubs de Conakry perdent l’essentiel de leur clientèle mais comptent sur les jeunes qui viennent converser de tout et de rien. Quand le ballon s’arrête de rouler, les gérants ne trouvent pas leur compte, mais demeurent ouverts.

Une salle sombre, des bancs alignés, trois téléviseurs accrochés à un coin du mur… Nous sommes à Lambanyi, où le vidéoclub est devenu bien plus qu’une simple salle de projection de matchs de football. C’est un lieu de vie, de rencontres et de partage, qui résiste au temps et à la modernité, confie Boubacar Bah, gérant du vidéoclub.

«Bien qu’ils aient la télé chez eux, beaucoup de personnes préfèrent venir ici pour suivre les matchs. Ce n’est plus uniquement une activité commerciale, c’est devenu un lieu où les jeunes du quartier se rencontrent, discutent et tissent des liens. Aujourd’hui, cet espace est très précieux pour nous autres, c’est un héritage voir même un patrimoine».

À l’entrée, le ticket coûte à peine 2.000 francs guinéens (0,23 dollar). Mais quand arrive la période des vacances, l’ambiance change radicalement. Le championnat s’arrête, les grands matchs deviennent rares, et avec eux, la clientèle habituelle. «C’est une période extrêmement difficile à cause de l’arrêt des championnats. Aujourd’hui, je ne gagne rien du tout. Moi qui travaille pour un patron, je sais qu’en ce moment, je ne peux espérer aucune rémunération. Nous essayons simplement de survivre grâce à l’argent que nous avions économisé lorsque le championnat était actif. Personnellement, je traverse une période compliquée», précise Boubacar Bah.

Pourtant, malgré la trêve, certains fidèles continuent de fréquenter le lieu, à l’image d’Amadou Dioulde Diallo. «Ce sont les vacances en Europe, les championnats s’arrêtent mais ce lieu reste important pour nous. Même en l’absence de grands matchs, nous venons discuter, partager du temps avec les gérants. C’est une manière de dire que nous ne les avons pas abandonnés».

Pour beaucoup de jeunes à Lambanyi, à Conakry, le vidéoclub est plus qu’un lieu de loisir: c’est un lieu où bat le cœur du quartier, où la culture du football devient un élément du quotidien. Et quand le jeu s’arrête, c’est tout un équilibre social qui est bouleversé, illustrant à quel point le sport est devenu, en Guinée, un pilier du lien social.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 23/06/2025 à 14h17