Côte d’Ivoire. Des occasions en or à petits prix: les librairies par terre font leur rentrée des classes

Une librairie de rue en Côte d'Ivoire.

Le 01/10/2025 à 11h42

VidéoA chaque rentrée des classes, c’est la même rengaine: manuels scolaires difficiles à trouver et chers, fournitures hors de portée... à force, les parents ont retenu la leçon: pour ménager son portefeuille, il vaut mieux regarder ce que proposent les trottoirs. Dans un pays où il y a des pharmacies de rue, il y a bien de la place aux librairies par terre. Tour de trottoirs à Abidjan.

La cherté persistante des articles scolaires, exacerbée par l’augmentation générale du coût de la vie et le renouvellement fréquent des manuels scolaires, poussent une majorité de familles à se tourner vers des solutions alternatives: les librairies par terre qui sont une réponse pragmatique à l’urgence des dépenses de scolarisation.

«Avec trois enfants à scolariser, je ne peux plus m’en sortir. Ma seule alternative ce sont les librairies par terre qui proposent les livres à des prix raisonnables», confie Rigobert Koffi, père de famille.

Moins chers, on trouve dans ces commerces qui ont le trottoir pour étals des articles de seconde main mais aussi des fournitures neuves, parfois issus de circuits parallèles. «Ici, les prix sont négociables. Un livre de lecture de CE1 peut coûter 1.000 FCFA de moins qu’en librairie officielle. Ainsi, sur une dépense de 40.000 FCFA, on peut économiser jusqu’à 10.000 FCFA. En tout cas, les librairies par terre aident vraiment les parents», explique Dembélé Nour, vendeur installé au marché d’Adjamé.

Et dame Marie-Jeanne mère au foyer, d’appuyer, «j’ai quatre enfants à l’école. Rien que pour les livres, et si je devais tout acheter à la librairie, je dépasserais mon salaire du mois, ce n’est pas possible ! Alors, je viens ici, dans les librairies par terre où je peux négocier, les livres d’occasion sont en bon état et le prix est divisé par deux, parfois plus».

Dans ce folklore, les vendeurs voient leur clientèle exploser en cette période. «Nous récupérons des articles vendus en gros, parfois des invendus ou d’autres à bas prix. Cela nous permet de vendre moins cher que dans les grandes librairies», explique Diallo Adama, vendeur.

Pour beaucoup d’élèves, ces lieux représentent aussi l’occasion de dénicher des livres scolaires introuvables ailleurs, parfois même des manuels d’anciennes éditions encore exigés par certaines écoles.

Dans un contexte où la cherté de la vie épuise, le recours aux librairies par terre s’impose comme une solution palliative, une bouée de sauvetage pour de milliers de parents qui font déjà face aux multiples dépenses auxquelles pendant la rentrée scolaire.

Chaque livre d’occasion acheté est un soulagement financier, prouvant que face à la cherté, l’ingéniosité du marché parallèle est souvent la clé pour garantir l’accès à l’éducation pour tous.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 01/10/2025 à 11h42