Côte d’Ivoire: la «janviose», cette gueule de bois qui dure 31 jours

Une route de la capitale économique ivoirienne, Abidjan.

Le 23/01/2025 à 14h00

VidéoPour Noël et le Nouvel An, les Ivoiriens dépensent sans compter et surtout sans se soucier des lendemains de fête. Les lampions éteints, les tables débarrassées, les vêtements neufs rangés, l’on se rappelle alors que janvier compte 31 interminables jours et que le compte n’y est pas. C’est la janviose.

En Côte d’Ivoire et partout ailleurs Noël et le Nouvel An riment avec grandes dépenses. Cadeaux, repas copieux, vêtements neufs ou encore sorties festives sont autant d’argent dépensé. Beaucoup se retrouvent avec des comptes bancaires presqu’à sec dès le début de janvier. «On veut faire plaisir aux enfants et à la famille, mais on oublie que janvier arrive vite. Maintenant, on doit se serrer la ceinture pour tenir jusqu’à la fin du mois», reconnaît Félicité Koua, mère de famille.

Dans les marchés d’Abidjan, les commerçant ressentent les effets de ce début d’année difficile. «En décembre, mes recettes quotidiennes peuvent atteindre100.000 FCFA, mais dès janvier, je ne vends parfois qu’à hauteur de 20.000 FCFA par jour. Et avec ça, les taxes ne diminuent pas», confie Kaboré Zakaria, vendeur de friperie à Yopougon. Avant d’ajouter, «nous nous y attendions à cette situation puisque c’est la routine de chaque année. On espère que la donne changera dés la fin du mois.»

Cette baisse d’affluence est confirmée par les revendeurs de produits alimentaires. L’augmentation des prix des produits de base en décembre pèse encore sur les budgets, forçant les ménages à limiter leurs achats en janvier.

Du côté des transporteurs, le constat est similaire. Dans les gares routières, l’habituel flot de passagers diminue dès la deuxième semaine de janvier. Dans cette période où les déplacements chutent, les chauffeurs de minicars de transport en commun communément appelé «gbakas» et de taxis peinent à remplir leurs véhicules.

Certains font preuve d’ingéniosité pour trouver des clients, «en décembre, les gens voyagent beaucoup pour les fêtes ou font des courses en ville, mais dès janvier, c’est presque désert. Parfois, on attend longtemps avant de remplir notre véhicule et souvent on est obligé de réduire le coût du transport. Un trajet à parcourir à 300 Fcfa, on se retrouve avec 200 fcfa, 150 fcfa, voire 100 fcfa par moment. Et cela impacte nos recettes journalières», témoigne N’guessan Anicet, chauffeur de taxi à Cocody.

Afin de moins ressentir les effets des lendemains de fêtes et entamer sereinement la nouvelle année, les plus avisés recommandent une meilleure planification des dépenses de fin d’année. C’est le cas de Kouassi Marie-Esther qui partage son expérience, «je pense qu’il faut établir un budget clair pour éviter les dépenses superflues. Les difficultés du mois de janvier sont prévisibles», conseille l’étudiante.


Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 23/01/2025 à 14h00