Côte d’Ivoire: les manuels scolaires changent chaque année, les prix aussi... ils augmentent

Vente de fournitures scolaires au marché d'Adjamé.

Le 01/10/2024 à 12h25

Trois semaines après la reprise des cours, les témoignages de parents reflètent une inquiétude bien réelle: les manuels scolaires coûtent cher et doivent être renouvelés à chaque rentrée scolaire. Les parents d’élèves n’ont pas voix au chapitre.

La rentrée scolaire en Côte d’Ivoire, un moment qui devrait marquer le début d’une nouvelle aventure éducative pour les élèves, se transforme chaque année, pour de nombreux parents en un véritable casse-tête financier. Dans les librairies et marchés, le tableau est le même. Les parents d’élèves ont du mal à acheter les fournitures scolaires.

Sur les marchés d’Abidjan et dans les librairies, certains sont encore à la recherche des livres exigés par les enseignants, tandis que d’autres se plaignent du coût croissant de ces manuels. En effet, chaque année, les prix semblent augmenter, et cette tendance n’a fait que s’aggraver année après année. «Les fournitures sont déjà compliquées à gérer, les cahiers ont augmenté, on est donc obligé de se rabattre sur les librairies qui nous proposent mieux», explique Gaël Fabrice, parent d’élève.

«Avant, on pouvait acheter un manuel pour 2.000 FCFA, mais cette année, le même livre coûte presque le double ! Comment allons-nous nous en sortir?» s’indigne Safiatou Coulibaly, mère de trois enfants. Pour elle, comme pour de nombreux autres parents, cette hausse est tout simplement insupportable. Certains n’ont même pas encore pu acquérir tous les livres, préférant acheter en priorité ceux qui sont indispensables pour les premiers mois de l’année scolaire.

Difficulté partagée par les élèves, «je suis en classe de 4ème. Nous avons commencé les cours et je n’ai pas encore toutes les fournitures. Mes parents me disent de patienter», relate Kamagaté Choilio, élève.

Au-delà des coûts exorbitants, les parents déplorent aussi le renouvellement fréquent des manuels scolaires. Ce changement, imposé par certaines réformes éducatives ou des mises à jour dans le contenu pédagogique, crée une nouvelle pression. En effet, les manuels utilisés l’année précédente deviennent obsolètes, contraignant les familles à acheter de nouveaux livres chaque année, même si les anciens sont encore en bon état.

«Chaque année, on nous demande d’acheter de nouveaux manuels. Pourtant, mon fils en CM2 pourrait très bien utiliser ceux de son grand frère. Mais non, les programmes changent et on nous force à tout racheter. C’est épuisant et coûteux», se plaint Narcisse Lorougnon, père de deux enfants scolarisés.

Dans les marchés d’Adjamé, l’un des plus grands points de vente de fournitures scolaires à Abidjan, certains parents optent pour des solutions moins coûteuses. Les livres d’occasion vendus à bas prix dans les librairies «parterre» sont des alternatives qui, bien que souvent critiquées, permettent à certains de s’en sortir.

Face à cette situation, les parents espèrent une intervention des autorités pour réguler les prix des manuels scolaires et stabiliser les programmes éducatifs. Près de trois semaines après la rentrée scolaire en Côte d’Ivoire, le mécontentement des parents ne faiblit pas. Entre les coûts jugés élevés des manuels scolaires et les changements incessants des programmes, ils peinent à faire face.

Si certaines solutions comme les manuels d’occasion permettent d’alléger la charge, la situation reste préoccupante, et beaucoup espèrent des actions concrètes de la part des autorités pour alléger ce fardeau récurrent. À cet effet la ministre de l’Éducation nationale et de l’alphabétisation a décidé, à partir de cette année, de la mise en œuvre de la bourse nationale des manuels scolaires (Bonamas) à une échelle plus élevée, un système de prêt-location de huit manuels disponibles sur souscription en ligne pour de 10.000 Fcfa.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 01/10/2024 à 12h25