Côte d’Ivoire: les piétons imprudents désormais passibles d’amende

Une amende de 2.000 francs CFA (environ 3 euros) pour les contrevenants

Le 04/05/2025 à 13h28

VidéoEn Côte d’Ivoire, malgré l’existence de trottoirs et de passages protégés, de nombreux piétons mettent leur vie en danger en marchant sur la chaussée ou en traversant imprudemment. Face à cette situation alarmante, le ministère des Transports, via l’OSER, a décidé de sévir. Désormais, les piétons en infraction seront verbalisés, une mesure saluée par la population.

Un nombre croissant de piétons prennent des risques inconsidérés en traversant la chaussée, ignorant les dangers malgré la présence d’aménagements sécurisés comme les ponts piétons. Préférant des raccourcis jugés plus pratiques et rapides, souvent par fatigue ou insouciance, ils s’exposent pourtant à des accidents et des agressions.

«Beaucoup de gens traversent n’importe comment. Ils ne regardent pas les feux rouges. C’est dangereux, pour les trottoirs et pour nous chauffeurs», s’inquiète Bamba Moussa, chauffeur de mini car communément appelé «gbaka».

«La distance et l’urgence nous poussent parfois à traverser directement la voie plutôt que d’emprunter le pont, perçu comme une perte de temps», évoque un usager de la route.

Ailleurs, le risque est une affaire de quotidien, dictée par l’urgence de traverser. Cependant, une mesure gouvernementale d’avril 2025 change la donne : les piétons imprudents encourent une amende de 2 000 francs CFA (environ 3 euros). Sur le terrain, cette réforme reste largement ignorée, et les habitants continuent de prendre des risques sans savoir que leurs raccourcis pourraient désormais être coûteux.

«Les piétons en infraction avec le code de la route sont désormais passibles d’une amende forfaitaire de 2.000 FCFA», annonçait le directeur général de l’Office de sécurité routière (OSER), Kouakou Etienne, lors d’une rencontre de sensibilisation tenue le mercredi 9 avril 2024 au quartier Niangon de la commune de Yopougon.

Mesure saluée par plusieurs. «Quand un piéton traverse sans faire attention, c’est lui qui se met en danger. Il est donc normal qu’il soit sanctionné s’il ne respecte pas les règles», estime Kouadio Jean-Marc, chauffeur de taxi à Cocody.

Sur les grandes artères d’Abidjan comme sur les boulevards, il n’est pas rare de voir des piétons traverser au milieu des véhicules, parfois à quelques mètres seulement d’un pont piétonnier. Une pratique devenue presque banale mais qui n’est pas sans conséquence. Selon l’OSER, l’imprudence des piétons est à l’origine de 8% des accidents de la route, dont 4% de cas motels.

Depuis avril, une loi ivoirienne rend obligatoire le strict respect du Code de la route, sous peine d’une amende. Sont visées les traversées hors des passages piétons, le non-respect des feux, la circulation sur la chaussée malgré la présence de trottoirs, et toute autre conduite dangereuse. Cette mesure a pour objectif de renforcer les campagnes de sensibilisation.

«La disposition réglementaire dit qu’un piéton doit circuler sur la partie de la voie qui lui est réservée», a indiqué Etienne Kouakou, directeur de l’Office de la sécurité routière.

Pour lui, l’objectif de cette mesure est de protéger le piéton. «Il ne s’agit pas de réprimer, mais de responsabiliser tous les usagers de la route, y compris les piétons, souvent perçus à tort comme exemptés du Code de la route». Et d’ajouter que les infractions sont constatées et notifiées par la gendarmerie, la police et éventuellement les agents assermentés.

Alors cette mesure est largement saluée, certains usagers estiment qu’elle risque d’être difficile à appliquer de façon équitable.

Un usager de la route soulève un point crucial: «Comment sanctionner les piétons là où les infrastructures de sécurité, comme les passages et les feux, sont inexistantes? L’amélioration des infrastructures devrait précéder toute mesure punitive».

Cette mesure punitive cible l’incivisme routier souvent pointé dans les accidents graves. L’Office de sécurité routière, chargé de cette réforme, combine répression et prévention pour réduire les risques et responsabiliser les usagers. Les piétons sont appelés à faire preuve de civisme.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 04/05/2025 à 13h28