Côte d’Ivoire: les prix des carburants baissent mais les tarifs des transports restent figés

Une station de services à Abidjan.

Le 08/09/2025 à 10h56

VidéoPour la deuxième fois en l’espace de quatre mois, le prix du carburant sans plomb a baissé en Côte d’Ivoire. Une semaine après cette décision, les usagers ne ressentent toujours pas l’impact de cette révision du prix à la baisse sur le coût du transport.

De 875 FCFA, le prix du litre de l’essence était passé à 855 et le gasoil de 715 FCFA à 700 FCFA au mois d’avril dernier. Quatre mois après, une nouvelle baisse de 25 francs vient de s’appliquer. Ainsi le prix du litre de l’essence est passé à 830 et le prix du gasoil fixé à 675 FCFA.

Une annonce qui a été accueillie avec satisfaction par de nombreux automobilistes, même si beaucoup estiment que cet allègement reste encore modeste face aux réalités économiques du pays.

Dans les rues, gares routières d’Abidjan, chauffeurs et usagers affichent des sentiments partagés. «C’est une bonne chose, mais 25 ou 60 francs de moins, ça ne change pas grand-chose sur nos dépenses quotidiennes. Étant livreur, je n’en prends pas en grande quantité, donc au finish, je ne ressens vraiment pas cette baisse du prix», confie Kohi Josia, livreur à Cocody.

Diomandé Abou est conducteur de minicar communément appelé «gbaka» ralliant Yopougon à Bingerville. Pour lui, le problème ne réside pas seulement au niveau du coût du carburant. Les tracasseries routières, les dépenses liées dans les gares et d’autres taxes journalières pèsent toujours lourd. Même son de cloche chez Cissé Vamara, qui reconnaît que «la baisse est bienvenue, mais elle ne nous permet pas encore de réduire les tarifs du transport. Il faut plutôt lutter contre ces tracasseries si on veut que le transport diminue», a-t-il suggéré.

Pour autant, cette nouvelle facturation est loin de satisfaire les usagers chez lesquels le sentiment d’amertume domine, du fait de l’absence de répercussion directe de cette baisse des prix des carburants sur les tarifs des transports.

«On continue de payer 700 à 800 et souvent 1.000 FCFA entre Abobo N’Dotré et le campus de Cocody pour un trajet qui coûtait 500 il y a quelques années. La baisse du carburant, c’est bien, mais si ça ne touche pas notre porte-monnaie, ça ne change rien», s’indigne Mireille A., étudiante à l’université Félix Houphouët-Boigny. Comme elle, plusieurs estiment que le coût élevé de la vie, conjugué à la stabilité des tarifs de transport, neutralise l’impact de ces diminutions successives.

À cela, les syndicats de transporteurs se veulent rassurants. «C’est normal les passagers se plaignent. C’est normal qu’ils demandent la baisse du transport et même les autorités nous en demandent. Et maintenant que le prix du carburant a baissé, je rassure que d’ici les jours à venir le coût du transport pourra diminuer», a rassuré Doumbia Sékou, responsable de syndicat de transporteur.

Ce réajustement à la baisse du prix des produits pétroliers s’inscrit dans le cadre du mécanisme automatique de fixation des prix des hydrocarbures en fonction des cours à l’international. Notons que cette mesure est en vigueur du 1er au 30 septembre. Cependant selon des analyses, ce prix ne pourra connaître de nouvelles hausses avant la fin de l’année 2025 vu les tendances baissières du prix du baril sur le marché international.

En attendant une éventuelle révision des grilles tarifaires par les syndicats de transporteurs, automobilistes comme passagers espèrent que ces mesures gouvernementales sur le carburant puissent être plus significatives, afin d’alléger réellement le quotidien des Ivoiriens.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 08/09/2025 à 10h56