Côte d’Ivoire: se disant «rackettés et victimes d’escroqueries», les transporteurs menacent de paralyser le pays

Les défis du transport urbain à Abidjan.

Le 31/07/2023 à 11h43

Vidéo«Pourquoi tant de difficultés dans le transport routier en Côte d’Ivoire?». C’est autour de ce thème que les acteurs des transports, regroupés au sein de la Maison des transporteurs de Côte d’Ivoire (MTCI), en collaboration avec des cadres de la gendarmerie nationale, se sont réunis pour établir un diagnostic et trouver des solutions idoines au secteur du transport.

Au cours de cette rencontre, la première du genre, les membres de la MTCI, présidée par Soumahoro Mamadou, ont passé au peigne fin les difficultés qu’endurent les transporteurs face à certains agents de la police nationale, de la police municipale et de personnes véreuses se réclamant de syndicats de transporteurs mais qui en réalité torpillent les professionnels du secteur.

«Le secteur du transport est pris en otage par des individus dits syndicats ou “gnambro” et par les tracasseries policières. Les rackets et les nombreuses contraventions que la police nationale et municipale font subir aux conducteurs persistent. Les transporteurs sont victimes d’abus, leurs véhicules sont tous les jours saisis et mis en fourrière. Aujourd’hui, les vendeurs de drogues sont mieux considérés que les transporteurs en Côte d’Ivoire», décrie le président de la MTCI.

Et de demander aux autorités d’agir: «Si le ministère de tutelle dort, il est temps qu’il se réveille pour prendre ses responsabilités et arrêter ce que font les services de remorquage et aussi pour mettre fin aux escroqueries». Menaçant, il poursuit, «nous, acteurs du transport, allons agir en marquant un arrêt de travail et paralyser tout le secteur sur toute l’étendue du territoire».

Il est vrai que le transport nourrit son homme mais ce n’est pas le cas en Côte d’Ivoire. «Les forces de police veulent nous détruire et nous enterrer. Nous ne l’accepterons pas. Nous allons nous lever pour notre indépendance», martèlent-t-ils.

Représentant la gendarmerie nationale, le lieutenant-colonel Boli Zatté, au nom de ses supérieurs hiérarchiques, salue le sens de l’organisation et surtout la franche collaboration entre les transporteurs et les forces de la gendarmerie nationale. Toutefois, il leur a rappelé la principale mission de la gendarmerie nationale qui est de protéger les populations et de veiller à l’application des lois qui régissent la république de Côte d’Ivoire. «Nous sommes au service de la population pour la tranquillité et l’application de la loi. Nous allons vous accompagner pour garantir la paix», rassure le colonel Boli Zatté, à son tour.

L’un des problèmes épineux qui minent le secteur: «la présence des gnambro» à tout arrêt et gare de minibus communément appelés «gbaka». A cet effet, le premier responsable de la maison des transporteurs a indiqué que, «nous allons mettre un système en place pour que ces faux transporteurs qui ont pris le transport en otage soient démasqués et débusqués».

Les chauffeurs et conducteurs ont été interpellés sur leur comportement et rappelés au respect des autorités sécuritaires, «Respectez les forces de l’ordre, permettez-leur de bien faire leur travail, soyez courtois, respectez le code de la route, revoyez l’état de vos véhicules», car, «en cas de soucis, nous pourrons vous défendre», incite Mamadou Soumahoro.

Il est indéniable que les uns et les autres acceptent les réformes entreprises par le gouvernement dans le secteur, c’est alors que le transport gardera sa position de cœur battant de l’économie.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 31/07/2023 à 11h43