Les autorités maliennes ont annoncé qu’un aéronef sans pilote, drone, appartenant aux Forces armées maliennes (FAMa) s’est écrasé dans la nuit du lundi 31 mars à proximité de Tinzawatene dans une zone inhabitée. Un communiqué de l’armée malienne précise que «l’appareil était en mission ordinaire de surveillance du territoire». Selon les FAMa, les dispositifs et protocoles de sécurité ont permis d’empêcher toute explosion de l’armement embarqué.
Suite à ce crash, une enquête a été ouverte pour identifier les causes et déterminer les responsabilités éventuelles. En tout état de cause, explique le communiqué, cet «évènement n’aura aucun impact sur la volonté et la capacité des FAMa», à assurer leurs nobles missions de protection du Mali.
Cette annonce des autorités maliennes intervient quelques heures après que l’armée algérienne et les rebelles du Front de libération de l’Azawad, ont revendiqué, chacun de son côté, la destruction du drone militaire malien.
Un communiqué de l’armée algérienne, publié le 1er avril par le ministère de la Défense nationale (MDN), annonce que «Dans le cadre des efforts consentis pour préserver nos frontières nationales, une unité relevant de Défense Aérienne du Territoire en 6ème Région Militaire, la soirée du 1er avril 2025 vers minuit, a réussi la détection et la destruction d’un drone de reconnaissance armé, à proximité de la ville frontalière de Tin-Zaouatine en 6ème Région Militaire, après avoir pénétré l’espace aérien sur une distance de deux kilomètres». Si les autorités algériennes n’ont pas précisé l’origine de l’engin, tout indique qu’il s’agit d’un drone militaire malien.
L’armée algérienne se glorifie même de cette destruction en soulignant que cette «opération de qualité confirme, une nouvelle fois, la grande vigilance et la disponibilité permanente des unités de l’Armée Nationale Populaire à préserver nos frontières terrestres, aériennes et navales, de toute menace qui porte atteinte à la souveraineté nationale.»
Seulement voilà, les rebelles du Front de libération de l’Azawad (FLA), soutenu par Alger, ont eux aussi revendiqué, dans la nuit du lundi 31 mars au mardi 1er avril, la destruction du drone malien près de Tinzawatine, en enjoignant à leur revendication des images du drone détruits, expliquant qu’il s’agit d’un drone de combat Akinci des forces armées maliennes.
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L’Akinci de fabrication turque, drone dernière génération de haute performance doté d’une capacité de frappe longue portée et d’une autonomie de plus de 24 heures, a été acquis en décembre 2024 par l’armée malienne. Cette autonomie permet aux forces armées maliennes une «couverture permanente du territoire national» et «la neutralisation des menaces dans leurs sanctuaires», comme l’avait souligné lors de leurs réception le ministre des défense, le général Sadio Camara.
Cette double revendication algérienne et des rebelles du Front de libération de l’Azawad dévoile une complicité entre le régime algérien et les rebelles de l’Azawad. Il est peu probable que ces derniers puissent disposer des technologies à même d’abattre ces appareils sans pilote.
Ensuite, si l’appareil a été abattu par les forces algériennes à l’intérieur du territoire algérien, comme l’a annoncé le communiqué du ministère de la Défense algérienne, comment se fait-il que les rebelles du Front de libération de l’Azawad aient pu se procurer rapidement des images du drone avant de les diffuser sur les réseaux sociaux et en revendiquer la destruction? Et alors que l’armée algérienne annonce que l’appareil s’est introduit sur deux kilomètres à l’intérieur du territoire algérien, les rebelles disent avoir abattu le drone près de Tinzaouatine, mais en territoire malien.
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Il faut avoir à l’esprit queTinzaouatine est une ville frontière divisée entre le Mali et l’Algérie. Elle sert aujourd’hui de refuge aux groupes armés rebelles et aux djihadistes qui bénéficient de la protection algérienne.
On se rappelle que c’est dans cette ville que les leaders terroristes s’étaient réunis le 1 er décembre 2024 pour créer une nouvelle coalition contre l’armée malienne. Lors de cet évènement, des frappes de drones avaient permis de neutraliser plusieurs cadres djihadistes et rebelles suscitant l’ire d’Alger. D’ailleurs, suite à une attaque de drones de l’armée malienne ayant permis de neutraliser plusieurs dirigeants djihadistes à la frontière entre les deux pays, l’ambassadeur algérien à l’ONU, Amar Bendjama, s’était plaint, le 26 août 2024, du «danger de la technologie» (drones) utilisés par l’armée malienne.
Voyant l’armée malienne prendre le dessus sur ses protégés grâce aux drones, l’Algérie ne lésinera pas sur les moyens pour détruire ces engins militaires et préserver la quiétude des dirigeants rebelles et du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, lié à Al Qaïda) actuellement logés et protégés par l’Algérie à Tinzaoutine.