La forêt de filaos de Dakar, l’une des dernières barrières naturelles de la capitale sénégalaise contre l’érosion, a déjà été partiellement exploitée pour la Voie de Dégagement Nord.
En juin 2021, un décret présidentiel a déclassé 150 hectares à Guédiawaye pour un plan d’urbanisme: 44% pour l’habitat, 21% pour les routes et 35% pour les équipements.
La coupe abusive des filaos fragilise encore davantage cette protection naturelle contre l’érosion côtière.
Aujourd’hui, la coupe abusive des filaos fragilise encore davantage cette protection naturelle contre l’érosion, accroît les risques pour les habitations et illustre le conflit permanent entre ambitions immobilières et impératifs environnementaux.
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Ousmane Sock, président d’un collectif citoyen, alerte: «Au fil du temps, nous nous sommes rendus compte qu’il existe des délinquants dont la mission est de détruire ces filaos pour laisser place à des habitations. En réalité, ils agressent l’environnement, avec des conséquences qui seront désastreuses pour les populations».
Ces filaos, véritables remparts naturels contre la mer, disparaissent à une allure inquiétante.
«Récemment, nous avons constaté l’agression de la mer contre les populations de Thiaroye. Le même phénomène a été observé à Rufisque et à Saint-Louis. Des spécialistes, voire des scientifiques, ont même prédit qu’à l’horizon 2050, la plupart des localités situées sur la Corniche ou à proximité immédiate de la mer pourraient disparaître. Face à ces menaces, il est urgent de préserver les filaos, ces arbres qui protègent les populations. Cependant, l’ancien président Macky Sall avait déclassé une partie de la forêt protégée. Aujourd’hui, certains ne tiennent pas compte de la distinction entre la bande déclassée et celle restée protégée. Profitant de ce déclassement, ils agissent sans aucune retenue et mettent en danger l’environnement», a dénoncé Ousmane Sock.
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Pendant que les promoteurs immobiliers avancent, les riverains se sentent abandonnés.
Assane Badiane vit dans l’angoisse: «C’est catastrophique. Quand on évalue le nombre d’arbres coupés, c’est un désastre. Les conséquences seront extrêmement graves. Regardez l’avancée de la mer à Thiaroye, à Saint-Louis, partout, les populations perdent leurs terres. L’heure est grave. Nous avons besoin de cette forêt pour vivre en sécurité.»