Sénégal: Dakar, «Béton-ville», perd ses deux derniers poumons verts

VidéoDakar, qui ne couvre que 0,3% du territoire sénégalais, concentre le quart de la population du pays. Une forte densité humaine à l’origine aujourd’hui de tous les problèmes d’habitat. Même les espaces verts ne sont plus épargnés, dans cette course effrénée à la réserve foncière.

Le 08/08/2022 à 13h53

Le week-end dernier, Dakar a été sous les eaux, connaissant sans doute l'une des plus graves inondations de son histoire. Beaucoup pensent que cette situation est liée à l'extension effrénée d'une capitale toujours avide de foncier destiné à être transformé en immeuble.

Car, faut-il le rappeler, l'ancien nom de Dakar n'est autre que la presqu'île du Cap-Vert, parce que bordée de part en part par une luxuriante végétation constituée des Niayes. C'est dans ces marais que se déversaient toutes les eaux de pluie de Dakar, mais ceux-ci ne sont plus qu'un vieux souvenir. Toutes ces zones non ædificandi (non constructible) accueillent désormais des constructions.

Côté verdure, il ne restait pratiquement plus que la forêt classée de Mbao et la bande des filaos de Guédiawaye, qui permettaient à Dakar de respirer. Elles sont aujourd’hui agressées par les promoteurs immobiliers sans scrupules qui bénéficient de la complicité des services compétents de l’Etat. Un crime contre la nature aux multiples conséquences: la mer avance, le climat se réchauffe et les inondations menacent.

Donneur d’ordre, l’Etat du Sénégal est au banc des accusés. Les défenseurs de l’environnement, qui l’interpellent, estiment qu’il n’est pas encore trop tard pour stopper les prédateurs fonciers et sauver ce qui reste de ces espaces verts. Seulement, les régimes se succèdent, mais les mêmes pratiques demeurent. Les environnementalistes, qui ne se lassent pas d’alerter, invitent la population à se joindre à leur combat.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 08/08/2022 à 13h53