«Avoir mon compagnon avec moi me permet d’avoir du soutien», surtout dans un nouveau pays, explique à l’AFP Mme Okunawo, étudiante de 28 ans à l’université de Lincoln, dans l’est de l’Angleterre.
Mais pour lutter contre la récente explosion de l’immigration, le gouvernement britannique a introduit des restrictions dès l’année prochaine visant les proches des étudiants pour les empêcher d’utiliser leur visa comme une «voie détournée pour travailler».
Une décision qui met fin aux rêves d’un avenir meilleur à des milliers de kilomètres de là, pour de jeunes Nigérians confrontés à un calendrier universitaire erratique, des grèves fréquentes et prolongées dans les universités, une grave crise économique et une insécurité généralisée.
Dès 2024, les étudiants internationaux -sauf ceux en recherche- ne pourront plus venir au Royaume-Uni avec des proches.
Pression «insoutenable»
«Nous avons constaté une augmentation sans précédent du nombre de personnes à charge des étudiants qui entrent dans le pays avec un visa», a justifié le mois dernier la ministre britannique de l’Intérieur, Suella Braverman.
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Londres n’a pas mentionné spécifiquement les Nigérians, mais ils représentent plus de la moitié des personnes venues avec des étudiants. Leur nombre a été multiplié par 38 ces dernières années, passant de 1.600 en 2019 à 61.000 en 2022.
«Par nationalité, le Nigeria a connu une forte augmentation de la proportion de visas d’études sponsorisés accordés aux personnes à charge, passant de 19% en 2019 à 51% en 2022», a déclaré l’Office britannique des statistiques nationales (ONS) en février.
L’année dernière, il y avait près de 59.000 étudiants nigérians au Royaume-Uni, soit moins que ceux qui les accompagnent, selon l’ONS.
Mme Braverman, partisane de la ligne dure en matière d’immigration, a déclaré que les étudiants étrangers de troisième cycle utilisaient les études comme une « voie dérobée pour travailler » et que les membres de leur famille exerçaient une pression « insoutenable » sur les services publics.
Pourtant, en 2022, ils ont rapporté près de 39 milliards d’euros, contre un coût de 5,1 milliards d’euros pour le gouvernement, d’après le London Economics, un cabinet de conseil.
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Busayo Olayiwola, économiste de la construction de 33 ans qui travaillait à Ibadan (sud-ouest du Nigeria) avant de partir au Royaume-Uni avec son mari, rappelle que la majorité des étudiants et des personnes à leur charge «paient des impôts et une assurance nationale sans avoir accès à aucun fonds public». «Le pays génère également beaucoup d’argent grâce aux étudiants étrangers.»
«Fuite des cerveaux»
Avec au Nigeria un taux d’inflation à deux chiffres, un taux de pauvreté élevé et un taux de chômage dépassant les 33%, le Royaume-Uni reste une destination coûteuse pour les étudiants, même pour ceux de la classe moyenne.
Les experts soulignent toutefois que les nouvelles restrictions pourraient avoir un effet positif sur l’économie du Nigeria dans les mois à venir.
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Les étudiants «pourraient ressentir un plus grand besoin de soutenir financièrement les familles qu’ils ont dû laisser derrière eux», en envoyant davantage d’argent au pays, a déclaré Subomi Plumptre, PDG de la société d’investissement Volition Capital, basée à Lagos.
Les restrictions incitent également certains Nigérians à regarder ailleurs: certains à Lagos, capitale économique, et à Abuja, capitale fédérale, ont dit réfléchir à aller étudier dans d’autres pays comme le Canada.
Wale Oni, enseignant nigérian à l’université de Salford près de Manchester, dans le nord-ouest de l’Angleterre, espère que les autorités de son pays se serviront des restrictions pour réfléchir à la «fuite des cerveaux» de ses compatriotes.
«Dans les grandes villes, les universités britanniques font la publicité de leurs programmes et attirent les Nigérians avec des offres attrayantes comme des visas de travail après les études», dit-t-il. «Mais quels sont les plans mis en place par le gouvernement nigérian pour inverser la tendance ?»