Églises de réveil au Gabon. Foi sincère ou escroqueries financières?

Le 25/05/2025 à 09h54

Au Gabon, les églises dites «de réveil», caractérisées par des cultes charismatiques, des guérisons supposées miraculeuses et des prophéties, ont connu une croissance exponentielle depuis les années 2000. Mais certaines sont accusées d’exploitation financière et de manipulation psychologique. Plongée dans un phénomène religieux qui divise.

Entre témoignages de conversion, dénonciations de dérives et résistance des traditions africaines, les églises de réveil au Gabon, comme dans nombre de pays africains, divisent.

Joséphine Mbomba Avounanga, ancienne membre de l’Alliance Chrétienne, a basculé dans le mouvement des églises de réveil après une guérison qu’elle qualifie de «miraculeuse. J’étais partie à l’église et il s’est passé quelque chose d’étrange dans ma vie. J’ai été touchée et depuis lors j’ai complètement donné ma vie au Seigneur. Dieu a dit que ‘je m’en vais mais je ne vous laisserai pas seuls’. Il a donc laissé les hommes pour continuer son œuvre. Depuis, j’accompagne d’autres fidèles vers la délivrance», témoigne-t-elle.

Beaucoup se tournent vers ces églises pour trouver l’espérance. Mais tous ne vivent pas la même expérience. Cruz Nkoulou se définit comme un chrétien «né de nouveau». En observant les mouvements religieux, il reconnaît que les abus se multiplient «on voit des pasteurs vendre des ‘huiles saintes’, promettre des guérisons en contrepartie de dons ou organiser des ‘séances de délivrance’ payantes. Mais attention, il ne faut pas généraliser, il y a aussi des hommes de Dieu sincères qui aident les gens sans faire de publicité», déclare-t-il.

Au Gabon, comme dans d’autres pays africains, l’absence de régulation stricte permet à certaines églises d’opérer en toute impunité. Ancien fidèle des églises de réveil, Bienvenu Nziengui Ntoutoume alias Chocolat des filles, s’est engagé dans une croisade contre les dérives qu’il a lui-même observées. «ce qui se fait dans les églises n’est pas bon. On ne peut pas diaboliser les cultures et les traditions. On ne peut pas amener les peuples à adorer les choses dont on ne connaît pas l’origine», estime l’activiste.

À travers des vidéos TikTok devenues virales, il appelle les Gabonais, plus largement, les Africains à se réveiller face à ce qu’il considère comme une exploitation de la misère des peuples. Mais la question reste ouverte avec au cœur du débat: comment concilier liberté religieuse et protection des fidèles? Car pour certains, ces églises apportent foi et réconfort et pour d’autres, elles sont devenues un business lucratif. Entre renouveau spirituel et dérives à surveiller, le phénomène persiste.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 25/05/2025 à 09h54