Embouteillages à Dakar: le calvaire quotidien des transporteurs

Le 07/04/2025 à 09h06

VidéoÀ Dakar, la circulation devient chaque jour un véritable casse-tête pour les automobilistes. Aux heures de pointe, les bouchons paralysent la ville, ralentissent les activités économiques et sapent le moral des transporteurs, premiers exposés à cette situation devenue chronique.

À l’instar des autres capitales africaines, les embouteillages constituent un véritable calvaires pour les usagers des routes. Pour Papa Sall, chef d’une équipe de transporteurs, la réalité est implacable. «Se débarrasser des embouteillages ne sera pas facile. Les routes sont étroites et il est difficile de les élargir. Ceux qui vont à Dakar n’ont qu’une seule voie pour s’y rendre. Même avec l’autoroute à péage, les chauffeurs se retrouvent coincés aux postes de péage, et là encore, ce sont des embouteillages».

Mbaye Diaw, transporteur depuis plus de quinze ans, continue: «tant qu’on n’est pas à Dakar, on peut rouler librement. Mais une fois proche de l’entrée, les bouchons commencent: tous les véhicules convergent au même endroit. C’est ça le problème. La capitale est saturée, et tout le monde s’y retrouve, aussi bien à l’entrée qu’à la sortie».

Le manque de décentralisation au cœur du problème

Au-delà des infrastructures routières, c’est l’organisation même du territoire qui est pointée du doigt par les acteurs du secteur.

Pour Papa Sall, la saturation de Dakar est d’abord une conséquence du déséquilibre entre la capitale et les régions. «Si seulement la capitale était désengorgée et les régions mieux équipées, on aurait pu sortir de ces embouteillages. Le TER et le BRT n’arrangent pas vraiment les choses, car beaucoup de personnes ont leurs activités à Dakar. Tout le monde se dirige au même endroit, et c’est ce qui est à l’origine de ces embouteillages».

Mbaye Diaw abonde dans le même sens. «La solution se trouve dans la décentralisation des activités: réduire les services et les usines à Dakar et les transférer vers les régions. Ce sont des millions de personnes qui travaillent à Dakar, et c’est la cause principale de tous ces problèmes».

Une ville à bout de souffle

Dakar concentre à elle seule l’essentiel des infrastructures, des sièges d’entreprises et des services administratifs du pays. Cette centralisation extrême engendre une pression constante sur les routes, les transports et les habitants. Malgré les efforts déployés pour moderniser la mobilité urbaine, notamment avec le TER et le BRT, les embouteillages restent un frein majeur à la fluidité du trafic et au développement économique.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 07/04/2025 à 09h06