Familles monoparentales: des mères courage camerounaises témoignent

Abandonnées, les mères courage sont contraintes de se donner corps et âmes pour assurer une bonne éducation à leurs enfants.

Le 08/05/2023 à 09h19

VidéoAu Cameroun, les familles monoparentales ne sont pas des cas isolés. Des femmes surtout, mais des hommes plus rarement, séparés après un divorce, assurent, seul(e)s de l’éducation des enfants.

Le sujet alimente les débats depuis quelques temps au Cameroun: les familles monoparentales au seins desquelles des femmes et parfois des hommes, du fait d’un divorce ou d’un décès, se retrouvent assumant seul(e)s des taches habituellement partagées entre les deux conjoints. Des responsabilités souvent difficiles à assurer lorsqu’on est seul.

Au Cameroun les familles monoparentales suite au décès de l’un des conjoints sont moins commentées que lorsqu’il y a d’abandon du foyer. Ce sont les femmes qui en sont plus victimes même si l’on dénombre quelques cas d’abandon de foyers par les femmes notamment dans les zones rurales du pays.

Abandonnées avec des enfants, elles sont contraintes de se donner corps et âmes pour assurer une bonne éducation à leurs enfants. «Le père de mes enfants m’a abandonnée avec six enfants. Il vit avec une autre femme dans un lieu que j’ignore. Cela fait près de dix ans que je suis obligée de jouer les deux rôles», témoigne une dame rencontrée dans un supermarché à Yaoundé.

Et comment fait elle pour élever ces enfants toute seule? A cette question la dame répond: «Je me bats dans le petit commerce. Au début, je vendais des beignets. Avec mes quelques économies et l’aide de ma famille, je me suis lancée dans le commerce du poisson fumé. C’est ce qui me permet d’assurer leur scolarité, leur santé et leur nutrition». Dame Ndzengué, âgée d’une cinquantaine d’années environ, rassure qu’elle n’a plus besoin d’un homme à ses côtés. Comme elle, nombreuses ont réussi à élever leurs enfants au point de faire d’eux les grands hommes du pays.

«Mon mari est mort lorsque notre premier enfant n’avait que 8 ans, le 2ème 6 ans et le dernier, à peine 2 ans. Je les ai élevés toute seule avec toutes les violences que je subissais dans ma belle-famille. Aujourd’hui, l’ainé est colonel de l’armée, le cadet est douanier et la fille est en Angleterre où elle est sur le point de boucler ses études en pétrochimie», témoigne cette sexagénaire avec une fierté non dissimulée. De multiples succestories, comme celle-là sont un bel exemple pour les autres femmes confrontées aux mêmes difficultés. Mais il n’y a pas que les hommes qui abandonnent le foyer, les femmes le font aussi.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 08/05/2023 à 09h19