Le Centre hospitalier universitaire mère-enfant de Libreville est unique au Gabon. C’est une structure de référence pour répondre humainement à une épreuve intime. Stéphane et Sophie ont un projet parental qui se heurte à l’épreuve de l’infécondité. Après plusieurs tentatives infructueuses d’avoir un bébé, le couple va finalement se résoudre à consulter les spécialistes. Le parcours du jeune couple commence ici dans les bureaux de l’AMP (Assistance médicale à la procréation). Pour Sophie comme pour son amant Stéphane, le fardeau psychologique d’un besoin pourtant naturel de procréer devient de plus en plus difficile et insupportable dans leur entourage. «Ça chuchote: ça fait longtemps que vous êtes ensemble, pourquoi vous ne faites pas de bébé? Et ça fait très mal à une femme de savoir que mes sœurs ont des enfants et moi pas. J’ai vraiment hâte de me mettre sous traitement», avoue la jeune fille.
La procréation médicalement assistée (PMA), Libreville, Gabon.. le360 Afrique/Ismael
Une injustice qui sera peut-être enfin réparée pour Sophie, grâce à la procréation médicalement assistée. Le service reçoit en moyenne 30 femmes par semaine. «On remarque que beaucoup choisissent de venir consulter maintenant. Il n’y a plus trop de préjugés. Les consultations se font une fois par semaine», explique Gertrude Youngui, infirmière-major du service de la procréation médicalement assistée du Centre hospitalier universitaire mère-enfant de la fondation Jeanne Ebori de Libreville.
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Au Gabon, la PMA n’est toujours pas remboursée par l’assurance maladie. Le coût de cette technique est compris entre 2,7 millions de FCFA (4116 euros) et 3,5 millions de FCFA (5336 euros) à Libreville. Alors, sans prise en charge sociale, le coût paraît bien onéreux pour les candidats à revenus modestes. «Les coûts sont moindres par rapport au fait que les dames allaient à l’étranger. Si on doit compter le billet aller-retour, le logement, la restauration et le séjour, c’est très coûteux», réplique Gertrude Youngui.
Depuis son ouverture en 2022, plus d’une vingtaine de bébés sont nés grâce à ce nouveau parcours de PMA. Le projet piloté par le professeur Meye, directeur de l’hôpital, porte déjà ses fruits. Plus concrètement, cette technique consiste à mettre en contact, à l’extérieur du corps de la femme, des spermatozoïdes sélectionnés parmi les plus vigoureux et des ovocytes obtenus après stimulation hormonale. «Pour chaque tentative, on espère avoir des embryons congelés pour avoir un maximum de chance de grossesse. Parfois, il faut faire trois, quatre tentatives», explicite le biologiste. «Cela peut représenter parfois cinq, six transferts, voire plus, avant d’arriver à une grossesse qui tienne», précise-t-il.
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Et le processus implique plusieurs étapes: rapports sexuels programmés et rendez-vous médicaux, tôt le matin et tard le soir, examens, injections, prélèvements... «Le laboratoire de fécondation, c’est plusieurs étapes. On a l’étape du bloc qui va permettre d’aller chercher les ovocytes encore appelés les ovules de la patiente. Dès qu’on a les ovules, on prépare les spermatozoïdes du monsieur pour réaliser une fécondation. On les met en culture et les embryons qui auront poussé vont être transférés à la patiente», explique pour sa part Alain Boulende, responsable du laboratoire de PMA.
Le laboratoire du centre hospitalier dispose d’un plateau technique de dernière génération pour relever le défi de la procréation médicalement assistée au Gabon.