Gabon: la plateforme «Ntchina», trait d’union entre donneurs et demandeurs de sang

Selon les estimations officielles du centre gabonais de transfusion sanguine, le pays collecte 23.000 poches de sang par an. Un chiffre qui est loin de satisfaire la demande locale. Pour apporter sa modeste contribution à ce déficit, Alvine Yeno, jeune développeuse gabonaise a créé Ntchina. C’est une application accessible gratuitement et à tout moment aux demandeurs de sang. Ce qui permettrait de résoudre les problèmes d’approvisionnement dans les différentes structures sanitaires du Gabon.

«L’idée m’est venue suite à des difficultés qu’a eu ma famille pendant plusieurs jours, à trouver des poches de sang pour une sœur atteinte de lupus. Il était difficile de trouver des donneurs. Les appels aux donneurs faits sur les réseaux sociaux et auprès des proches n’ont pas abouti. C’est face à cette difficulté que cette idée m’est venue. Je me suis dit quel pourrait être le moyen à mettre en place pour pouvoir agir plus rapidement, et aider tous ceux qui sont dans le besoin. J’ai donc commencé à mûrir ce projet jusqu’à la mise en place de l’application», explique, Alvine Yeno, fondatrice de la plateforme.

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Cette application est d’ores et déjà téléchargeable gratuitement sur Google Play et App Store. Et comme un donneur averti en vaut deux, l’appli dispose d’un système de notifications en temps réel. Ce qui lui permet d’alerter les donneurs en cas d’éventuel besoin de sang. Les bénéficiaires de Ntchina la découvrent de plus en plus en situation d’urgence. Ceci est d’autant vrai dans la situation d’Eulalie Boucka qui a malheureusement perdu son père, au terme d’une pénible intervention dans une structure hospitalière de Libreville.

«Lorsqu’on est arrivé à la banque de sang, y avait plus assez de poches de sang. Dans l’urgence on est passé par des parents, des amis pour avoir du sang. C’était pas simple. Moi, connaissant déjà l’application Ntchina et sachant que sur cette application je pouvais avoir des personnes disponibles pour aller faire un don de sang. Donc je suis passé par cette application et il faut dire qu’il était A+. Dieu merci on a pu avoir 5 poches de sang en plus des 5 autres que nous avait fournies la banque de sang. Mais à l’arrivée, c’était trop tard. Mon père est décédé», témoigne, la gorge nouée, la jeune Eulalie.

Pour sauver des vies et encourager les Gabonais à donner leur sang, Ntchina mise aussi sur la sensibilisation. En compagnie du Dr Alixe Mabicka, médecin généraliste, Alvine va à la rencontre des communautés pour susciter une adhésion de masse pour une œuvre de portée humanitaire. Ce matin, elles présentent l’application Ntchina aux étudiants de l’institut national de la poste et des télécommunications de Libreville. Une communication axée sur la nécessité de venir en aide aux demandeurs de sang. Car cela n’arrive pas qu’aux autres.

«Le premier objectif de cette campagne est de sensibiliser les populations sur l’intérêt vital qu’est la transfusion sanguine et de donner bénévolement son sang. Nous sommes en 2023 et les tabous, les préjugés persistent... Nous tenons à rassurer les populations que lorsque vous donnez du sang à la banque de sang, c’est vraiment à des fins médicales...» rassure Dr. Alixe Mabicka.

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Car, poursuit-elle, chaque jour, «les hôpitaux du pays ont besoin de sang pour accompagner une femme qui accouche, une personne accidentée de la route, un malade atteint de cancer ou un drépanocytaire»... Les situations sont aussi variées que régulières. L’acte volontaire et bénévole de donner son sang est donc irremplaçable.

Lancé en 2019, c’est officiellement en 2021 que ce projet prend forme avec la création des pages Facebook et Instagram pour partager les informations. Un groupe Whatsapp a également été créé. Le 20 septembre dernier, la startup Ntchina d’Alvine Yeno a remporté le concours Startup challenge de Moov Africa Gabon Telecom pour son originalité. Pour cela, elle a reçu un chèque de 10 millions de FCFA qui lui permettra de matérialiser son projet. Elle envisage sur le long terme connecter les donneurs et demandeurs de sang où qu’ils soient sur le territoire gabonais.