Hans Loïc, 31 ans, a toujours vécu à Nkoltang-rails. Pendant de longues années, le village a vécu sous le joug de l’omerta face à un drame écologique derrière lequel se cache de gros intérêts politiques et financiers. Depuis quelques jours, il fait partie des victimes des polluants de la Smag ayant décidé à briser le silence. «C’est la même eau qui tire sa source vers l’usine et entraîne les polluants dans la rivière. Faute d’eau potable, on a pas d’autres choix que de venir faire nos besoins ici», dit-il.
La pollution menace la rivière Nzogbang.. le360 Afrique/Ismael
Et pour bien nous situer la responsabilité de l’usine de la Smag sur le désastre écologique objet de l’indignation des populations, le jeune Billie nous invite à faire le constat du débit de la rivière de plus en plus absorbé par le compost devant le mur de la société. «C’est par là que descend la fiente jusqu’à la rivière en bas. Et ça se stocke là-bas...», explique-t-il.
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Selon les villageois, cette pollution du cours d’eau constitue un grave risque pour la santé des quelque 5.000 habitants vivant dans la région. Nombre d’entre eux souffrent de maladies de la peau telle la gale, ou d’infections respiratoires provoquées par l’inhalation de polluants. «Elle est vraiment polluée. Comme vous le voyez, une fois que les enfants ont fini de se laver, ils se grattent. Parfois ça leur provoque des blessures...», ajoute Faniola, une habitante de Pleine Ayeme.
Une situation qui s’est aggravée au fil du temps et les victimes dénoncent un manque d’assistance sociale et médicale de la Smag. «Il n’y a pas de médicaments. Même quand tu te rends au dispensaire du village, on t’établit l’ordonnance pour aller payer les médicaments. Mais la société continue de déverser ses polluants. Surtout lorsqu’il pleut. Il n’y a pas canal d’évacuation des fientes», affirme Bénoît Menyomo Okala.
Pour ce notable du village de Pleine-Ayem, l’usine ne dispose pas de système de gestion de déchets.
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Quant au directeur général de la société meunière et avicole, il rejette publiquement toute accusation de pollution des eaux de Nzogbang par la Smag. Toutefois, selon Bruno Lardit, les questions de voisinage et d’étude d’impact environnemental seraient au centre de ses préoccupations avec un processus de mise en conformité en cours depuis trois ans.