«On ne change pas les règles en plein match». Cette phrase du jeune Ayenoué, élève de seconde du Lycée d’application Nelson Mandela de Libreville, résume à elle seule le désarroi des lycéens et collégiens sortis crier leur colère dans plusieurs villes pour contester une mesures prise par le gouvernement et jugée «impopulaire».
De quoi s’agit-il? Pour prétendre à une bourse d’études, il faut désormais avoir une moyenne trimestrielle supérieure ou égale à 12 pour les élèves du collège et 11 pour ceux du second cycle. Or auparavant, un 10 de moyenne suffisait pour empocher les 24.000 FCFA, un montant qui pourrait être revu à la hausse. C’est cette réforme, qui vise à stimuler les efforts des élèves selon les autorités, qui alimente actuellement le mécontentement des lycéens et collégiens.
«Sous d’autres cieux, on aurait accepté ces conditions pour accorder des bourses aux jeunes apprenants gabonais. Mais dans le contexte actuel, je ne crois pas que ce soit la bonne méthode. Parce que pour exiger ces résultats, il faudrait au préalable réunir les conditions qui vont avec», pense Dénis Clair, parent d’élève.
Ce dernier semble faire allusion aux classes surchargées dans plusieurs établissements publics de Libreville, l’absence de bibliothèques scolaires ou encore le déficit d’enseignants dans les matières scientifiques.
Aussi curieux que cela puisse paraitre, aucun syndicat de l’éducation n’a officiellement pris position sur ce débat.
Mais cette réforme n’a pas fait que des mécontents: «Si on pousse la bourse à 11 de moyenne ce n’est pas pour décourager les élèves, mais pour obliger certains à faire plus d’efforts dans leurs études», reconnaissent Ornela et David respectivement élèves de la classe de seconde au Lycée Nelson Mandela et de la classe de 1ère au Lycée public d’Avorbame, au Nord de Libreville.
Suspendue au cours du second septennat du président déchu, Ali Bongo Ondimba, la bourse de collège et de lycée sera rétablie avait promis le 4 septembre Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition, lors de sa prestation de serment: «Nous allons les payer dès la fin du 1er trimestre, nous les avons inscrites dans la loi de finance», avait-il affirmé en parlant de ces bourses d’études.
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Plus de quatre mois plus tard et sans renoncer à cet engagement, la mise en pratique de cette allocation se heurte désormais à une polémique née de la volonté du gouvernement de la soumettre à de nouvelles modalités d’attribution.
Sur les réseaux sociaux, l’attitude du Comité pour la transition et la restauration des institutions est retournée dans tous les sens. Certains le soupçonnent d’avoir cédé aux sirènes du «populisme». D’autres supplient le chef du comité de transition de respecter les droits supposément acquis en reconsidérant les critères énoncés par ses soins.
Selon le gouvernement, les premiers paiements se feront à la fin du mois de janvier 2024. À retenir que 12 milliards de francs ont été consacrés dans la Loi de finance 2024 pour cette allocation exceptionnelle.