Depuis le 2 septembre dernier, date de la rentrée de la rentrée scolaire, l’emploi du temps de Dorcas et de Enzo, deux adolescentes des classes de 6ème au Lycée public d’Akébé-ville est un casse-tête. «Il nous manque deux profs: le prof d’histoire et le prof d’EPS. Et ça se ressent dans notre bulletin», s’alarme Dorcas.
«On vient de finir un trimestre. On a pris des vacances, sinon les profs viennent rarement et les leçons ne suivent pas. À cela s’ajoute le fait qu’on ajoute des points à certains élèves dans la classe sans savoir pourquoi», renchérit Enzo.
Des déclarations d’élèves qui transpirent le désarroi, la complaisance et les défis structurels auxquels est confronté tout le système éducatif national. Alors que l’enseignement de qualité, se présente aujourd’hui comme la seule arme pour faire face aux imprévues sans cesse grandissant de l’univers, l’école socle de formation de l’élite de demain, bat de plus en de l’aile au Gabon, selon de nombreux parents d’élèves. «L’enseignement est devenu le dernier des métiers. Dans l’enseignement on a tout délaissé au profit de la politique. Alors que les métiers comme la santé et l’enseignement sont essentiels pour un pays. Et quand on a une jeunesse mal formée on s’attend à quoi ? Avant il y avait des engagements décennaux. Je m’en vais à l’école pour servir. Aujourd’hui le métier d’enseignant n’est plus bien vu...», lance Simon Mbock, parent d’élève.
Métier en crise ou crise de vocation, dans tous les cas, le secteur de l’éducation n’a jamais été aussi proche du sinistre. Parmi les causes de cette situation alarmante, le manque d’enseignants dans plusieurs établissements qui entraîne une surcharge des classes.
Les effectifs pléthoriques ne permettent pas le suivi individuel, essentiel à la réussite scolaire. Toute chose qui conduit à la hausse du taux de redoublement. «Le système éducatif gabonais est calqué sur le modèle français. Sauf qu’en France ce sont des classes à effectif réduit avec 15 à 20 élèves. Mais on ne peut pas faire la même chose ici. Nous avons aujourd’hui des effectifs de 120, 130 par classe. Qu’est ce peut bien faire un prof? Il faudrait renforcer le recrutement et construire plus d’établissements. Le déficit d’enseignants est un réel problème aujourd’hui y compris dans les établissements dits grands», a confié Thérence Ngoma, enseignant d’anglais, au Lycée Georges Mabignath.
Afin de réduire le déficit en enseignants des matières scientifiques décrié sur l’ensemble du territoire national, le gouvernement gabonais, avec l’appui de l’Unesco, se propose d’effectuer sur deux ans un recrutement direct de 900 enseignants pour les lycées et collèges. Il s’agit de 400 enseignants de mathématiques, 200 de SVT et 300 pour la physique et la chimie.