Entre l’axe feux tricolores Stefo, ancienne gare-routière, se trouve le quartier Sorbonne. C’est ici qu’Anicet, prestataire de la voirie municipale est affecté depuis quelques jours. Il a pour tâches d’y curer les caniveaux et nettoyer la chaussée.
Malgré cet effort d’assainissement urbain, Anicet n’est pas au bout de ses peines face à l’incivisme des populations qui jettent les déchets ménagers à même le sol. «Avec la saison des pluies qui arrive, tout cela sera inondé. Je suis désolé! Malgré les efforts des services compétents, notamment la mairie, les plaintes des populations sont récurrentes. Je suis ici tous les jours pour nettoyer. D’ici 15 heures toute cette surface sera encore envahie de déchets», se lamente-il.
Le retour des grandes pluies est toujours synonyme de nuits d’insomnie dans plusieurs quartiers de la capitale gabonaise. Comme chaque année, les victimes des inondations et autres calamités naturelles se comptent par milliers. Selon Junior, un habitant de Sorbonne, le meilleur moyen de minimiser les risques d’accident reste la prévention. «Vous voyez tout ce béton depuis l’entrée, c’est nous mêmes qui avions cimenté...grâce à une synergie d’actions on est parvenu à limiter les inondations dans cette partie du quartier. Sinon, avant quand il pleuvait les gens n’arrivaient pas à sortir des maisons, surtout les enfants qui doivent aller à l’école», explique-t-il.
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De tels récits reviennent à travers ce bidonville victime des eaux déchaînées, parfois montées à plus de cinq mètres. Dans les maisons, les dégâts sont multiples. «Ils y a ceux qui perdent des documents importants comme les diplômes. Ces inondations sont parfois mortelles. On ne sait pas comment faire! Si on peut nous trouver une solution...Ici il n’y a pas d’endroits où l’eau peut circuler. Sorbonne n’est pas un quartier tracé. On est obligé de vivre dans un quartier anarchique parce qu’il est sans plan cadastral», déclare Stéphanie, habitante de la Sorbonne.
À l’image de Sorbonne, les secteurs vulnérables sont caractérisés par des constructions anarchiques. Dans un tel environnement, ce sont des domiciles entiers qui sont naturellement exposés à tout type de catastrophe.
Le Gabon est caractérisé par un climat équatorial où la hauteur des pluies, lors de l’hivernage, peut atteindre 2,5 mètres et le taux d’humidité de l’air varie entre 80% et 100%. La saison des pluies s’étend d‘octobre à décembre et de mars à juin.
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Un peu plus au Sud de la ville dans la zone dite Soduco, les maisons portent presque toutes le tracé marron témoin de la hauteur des flots. Certaines propriétaires ont dû les abandonner pour aller chercher refuge chez des parents.
La famille Bitegue pointe un doigt accusateur pour dénoncer la cause de leur sinistre. «J’ai été au service du cadastre pour pouvoir borner ce terrain. Pour toute réponse, on me dit que c’est un terrain perdu. Entretemps, mon voisin a construit sur le principal canal qui donne sur la route. Conséquence, tout est bouché et l’eau remonte ici... On demande l’aide de l’État pour nous sortir de cette situation», lance-t-il, sous forme de cris de détresse.
Face à cette extrême souffrance, le vieux Bitegue se sent lui-même à bout à forces que devoir de passer des nuits blanches à chaque saison de pluie. Sur les murs de sa maison, les impacts de boue et d’humidité sont visibles. Le gouvernement répondra-t-il à l’appel des mal lotis des zones à risque?