Sous un titre sans détour «Nourrir le monstre», Greenpeace dénonçait en 2021 les «plus de cinq cent mille tonnes de poisson frais, qui auraient pu nourrir des millions de personnes en Afrique de l’Ouest (notamment en Gambie, Mauritanie et Sénégal), sont détournées pour produire de la farine et de l’huile de poisson et alimenter des animaux dans les fermes aquacoles et les élevages industriels, principalement d’Europe et d’Asie».
Dans ce même rapport, l’ONG recommande aux gouvernements de l’Afrique de l’Ouest de mettre en œuvre des réglementations plus strictes en matière de diligence et de transparence dans les chaînes d’approvisionnement de l’alimentation animale et aux entreprises européenne et asiatiques de cesser d’utiliser la farine pour nourrir d’autres animaux.
Poursuivant son combat contre l’industrie de la farine de poissons, Greenpeace a séjourné en Mauritanie du du 18 au 22 août, ce qui a permis à ses membre de «rencontrer les autorités gouvernementales, le vice-président de l’Assemblée nationale, et les responsables régionaux à Nouadhibou», rappelle Mamadou Kali Bâ, responsable de la campagne Océans de l’ONG. Ces responsables ont été «sensibilisés sur l’impact négatif des industries de farine de poissons sur l’économie, la population, la biodiversité et la santé».
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Selon Mamadou Kali Bâ, la production d’un kilogramme de farine de poisson nécessite entre 6 et 7 kg de poisson frais.
En Mauritanie, les quantités transformées en farine représentent plus de 60% de la capture totale de petits pélagiques.
A l’issue des ces rencontres, il a été recommandé la publication de l’arrêté interdisant l’implantation de nouvelles unités de production de farine et d’huile de poisson, l’harmonisation des législations en Afrique de l’Ouest et créer un front commun contre la surpêche, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
Bekaye Samba Sy, secrétaire générale de l’ONG Zakia pour le développement durable et la protection de l’environnement assure que «le nombre des usines de fabrication de farine de poissons a baissé d’une cinquantaine, il y a quelques années, à une dizaine actuellement».
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Mansour Bahaida, président de Zakia se dit optimiste quant à la réduction progressive du fléau de ces industries, sources de surexploitation des ressources halieutiques.
D’après Greenpeace, la Mauritanie, dotée de 700 kilomètres de côte, est le premier exportateur de farine et d’huile de poisson, et le principal fournisseur du marché européen. Le pays produit plus de 110.000 tonnes de farine de poisson, dont 18% sont exportées vers l’UE, mais aussi près de 35.000 tonnes d’huile de poisson, dont plus de 70 % sont destinées à l’UE.