Malgré les sourires affichés et un apparent bien-être, la réalité de ces enseignants-chercheurs, récemment recrutés dans le but de revitaliser l’enseignement supérieur en Guinée, est tout autre. «Notre frustration est grande», confie Dr Oumar Kourouma. «Cette dynamique de recrutement a été lancée pour améliorer notre système de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Beaucoup d’entre nous sont rentrés au pays, laissant derrière eux leurs acquis. Aujourd’hui, nous faisons face à une situation très difficile. Nous attirons l’attention des autorités: cette initiative ne pourra avancer si les acteurs ne sont mis pas dans des conditions de travail adéquates».
Les universitaires ont surtout dénoncé la discrimination salariale jugée «injustifiable. Comment peut-on expliquer que deux enseignants ayant les mêmes qualifications perçoivent des salaires différents uniquement en raison de leur pays d’origine? Cette disparité mine la motivation et la cohésion au sein de nos institutions et entre les chercheurs» disent-ils en précisant qu’ils utilisent leurs propres moyens pour préparer les cours et financer les déplacements.
Cela fait presque trois mois que ces enseignants-chercheurs ont été affectés dans diverses universités du pays. Parmi eux, une cinquantaine de Guinéens et une centaine d’enseignants-chercheurs venus d’autres nations africaines.
Leur recrutement répondait pourtant à un besoin pressant du pays en enseignants de haut niveau. En juin dernier et pour résorber ce déficit dont souffrent les universités du pays, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation a lancé un appel à candidatures pour le recrutement de 250 enseignants-chercheurs titulaires au moins d’un Doctorat parmi lesquels 145 seront recrutés comme fonctionnaires et 105 comme contractuels.
Cependant, pour les Guinéens, la situation semble particulièrement alarmante, rendant leur mission des plus difficiles, regrette Dr Siba Koropogui. «Actuellement, nous sommes désarmés et nous ne pouvons pas faire de la recherche scientifique. Lorsqu’un enseignant est payé 8 millions de francs guinéens, soit environ 890 euros, que peut-il faire avec cette somme? S’habiller, se nourrir, acheter le matériel nécessaire pour enseigner ou investir dans la recherche scientifique? Il est impératif que tous les enseignants-chercheurs, qu’ils soient Guinéens ou non, bénéficient des mêmes conditions.»
Face à ces difficultés persistantes, les enseignants-chercheurs guinéens exigent des solutions concrètes pour améliorer leurs conditions de travail. Ils soulignent que sans cela, il leur est impossible d’accomplir pleinement leur mission et de contribuer efficacement au développement de l’enseignement supérieur en Guinée. Il est désormais urgent de prendre des mesures adaptées pour garantir le succès de cette réforme cruciale.