Derrière les projecteurs et l’euphorie des spectacles se cachent des défis majeurs, souvent ignorés du grand public. Entre passion, précarité et persévérance, les porteurs de projets culturels avancent à contre-courant, poussés par la seule force de leur engagement.
En Guinée, peu de gens mesurent réellement l’ampleur des obstacles auxquels ces acteurs culturels font face. Il ne s’agit pas seulement d’organiser des fêtes ou de divertir. Il s’agit de bâtir des espaces d’expression artistique dans un environnement où les ressources sont rares, le soutien limité, et l’intérêt du public, parfois absent.
Prenons l’exemple du Festival des Arts et du Rire de Labé, qui en est à sa 8ᵉ édition. Malgré sa notoriété croissante dans la région, l’événement continue de rencontrer les mêmes difficultés structurelles: «Cette idée a été portée par une équipe. Aujourd’hui, nous peinons à la soutenir. Mais nous avons le courage et l’énergie de la maintenir debout. Parce que lorsqu’on chérit une chose, on veut bien la faire vivre, même avec peu de moyens», indique Mamadou Thug, porteur du projet FAR.
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Cette année encore, les organisateurs ont frôlé l’annulation. Faute de financement suffisant et d’un accompagnement institutionnel digne de ce nom, l’équipe a dû puiser dans ses dernières ressources pour sauver l’édition, constate Mamadou Oury Barry, conseiller culturel: «Nous sommes à la 8ᵉ édition, et cette année, on a même envisagé de la reporter. Nous n’avions clairement pas les moyens. On a eu des difficultés jusque dans l’hébergement des festivaliers. Pourtant, c’est un événement essentiel, notamment pour occuper utilement la jeunesse».
Au-delà des contraintes financières, un autre problème majeur réside dans le manque d’engagement du public. Beaucoup de Guinéens restent peu sensibles à la culture locale, ce qui pèse lourdement sur la viabilité des projets culturels lâche Mamadou Yaya Diallo, artiste «Nous sommes au Centre Culturel Ka Werde, le premier centre culturel privé au Fouta. Mais si tu ne vends pas de la drogue, de la bière ou du chicha, les gens ne viennent pas. Comme nous refusons de vendre les produits illicites, les gens ne fréquentent pas le centre. Pourtant, ce sont eux qui devraient nous soutenir».
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Malgré tous ces obstacles, le Festival des Arts et du Rire continue de tracer son chemin. Pour espérer un avenir plus serein, il lui faudra encore relever de nombreux défis: mobilisation de fonds, éducation du public, implication des autorités et création de partenariats solides et durables.