Guinée: les réparateurs de filets de pêche, ces artisans écolos qui passent entre les mailles du temps

Des réparateurs de filets de pêche en Guinée.

Le 25/03/2024 à 11h06

On dit qu’en Guinée chaque nœud d’un filet de pêche renforce le lien entre l’homme et la mer. L’art de la fabrication de cet outil de travail indispensable aux pêcheurs s’hérite de père en fils. Plongez dans le monde discret de ces artisans conscients de l’importance du respect de certaines normes de fabrication de filets; il y va de la pérennité du patrimoine halieutique.

Il est rare de trouver des Guinéens lesquels, grâce à un savoir-faire ancestral, continuent de fabriquer à la main des filets de pêche. Cette méthode artisanale est la seule manière pour les pêcheurs afin d’obtenir cet outil de travail sans lequel il ne saurait y avoir de prises.

Nous sommes au quai de pêche de Nongo, un célèbre port à Conakry. Chaque jour, de nombreuses caisses de poissons y sont débarquées. Ce port est également un atelier où des professionnels fabriquent de précieux outils. Soumamory Fodé, un passionné qui a ce métier dans le sang, est de ceux-là.

Il répare des filets de pêche et souvent il est rétribué lorsque que le travail est bien ficelé. Son travail consiste également à vérifier et à refaire chaque nœud, en refaire s’il est défait ou coupé. Et dans un filet de pêche, il y en a des centaines. «Je gagne ma vie quotidienne grâce à ce travail. Je peux vous assurer que réparons les filets avec soin. Souvent, on peut facilement gagner jusqu’à 100.000 francs guinéens», déclare Soumamory Fodé.

En plus d’assurer des outils de prise efficaces, les réparateurs de filets ont pris conscience de l’importance à respecter certaines normes de fabrication; il y va de la survie du patrimoine halieutique. Ces artisans se battent pour interdire l’utilisation des filets de taille 20. Les mailles de ce type de filet sont trop étroites et piègent même les poissons de petit calibre donc impropres à la consommation. La prise de jeunes individus, pas encore arrivés à maturité, entrave la reproduction de l’espèce et met en péril le renouvellement des populations des espèces aquatiques.

Soumamory Fodé s’en désole: «Si la Guinée avait des usines qui fabriquaient des filets, nous n’aurions pas besoin d’aller pêcher de petits poissons qui ne sont même pas assez grands pour nourrir la population».

Pour les Guinéens, la pêche est une affaire familiale, et les filets essentiels à leur survie. Cela fait donc des réparateurs de filets des acteurs clés de la chaîne. Plus qu’un métier, c’est une passion.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 25/03/2024 à 11h06