Le riz Barabara, variété locale de riz à grains longs, est particulièrement apprécié pour sa texture légère et son goût particulier. Cette variété est principalement cultivée dans la région forestière. Cependant, ce riz se raréfie notamment en raison de son coût élevé, devenu inaccessible pour de nombreux Guinéens, fait remarquer le négociant Halimatou Bah, «le riz local Barabara est plus cher que le riz importé. Par exemple, le riz importé du Bengladesh, ou riz blanc, est à 7.000 francs guinéens, mais le riz local Barabara est cédé à 8.000 voire 8.500 francs guinéens. Actuellement, il est quasi impossible d’en trouver.»
Les producteurs locaux, en particulier les petits exploitants opérant autour de Conakry, jouent un rôle essentiel dans la production de ce riz. Mais malgré son importance, le secteur fait face à plusieurs défis: manque d’infrastructures adéquates de stockage et de transformation, accès limité aux technologies modernes de production.
Les difficultés sont telles que certains acteurs majeurs de la chaîne choisissent de se retirer, comme c’est le cas d’Adèle Soumaoro, qui a décidé, faute de clients et en raison de la faible rentabilité, d’arrêter la commercialisation du riz Barabara, «il y a un sérieux manque de moyens en Guinée, notamment à l’intérieur du pays. Les gens travaillent dur, sans machine. Donc, la culture du Barabara se fait encore à la main dans de nombreuses régions» regrette cette négociante.
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Sa consœur Halimatou Bah en appelle aux autorités, «nous demandons au gouvernement de nous aider, parce que les femmes souffrent vraiment beaucoup. Nous savons de quoi nous parlons parce que nous sommes au marché. Actuellement, si tu n’as pas de riz en stock à la maison, même avec 50.000 francs au marché, tu n’auras rien d’intéressant pour ta cuisine.»
Une agriculture encore manuelle
Pour mesurer le désarroi de ces deux commerçantes, il faut avoir à l’esprit que cette céréale est le pilier de la cuisine locale. Le riz représentant 40% de l’ensemble des importations du pays d’où la volonté du gouvernement de parvenir à l’autosuffisance alimentaire en donnant la priorité aux actions visant à augmenter la production locale de riz.
En 2023, selon le ministère de l’Economie et des Finances, cette production a permis au pays d’assurer plus de 65% de sa consommation nationale en riz, contre moins de 50% pour la majorité des pays de la sous-région ouest africaine. «Entre 2022 et 2023, les importations de riz ont baissé de 9% en volume et une augmentation de 12% de la production de riz est attendue en 2024», a précisé le communiqué du gouvernement.
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Afin de remédier à ces difficultés, des initiatives devraient être mises en place pour moderniser la production du riz Barabara. Les autorités guinéennes, en partenariat avec des organisations internationales et des acteurs privés, œuvrent déjà pour fournir des formations techniques aux agriculteurs, améliorer les capacités de transformation locale et renforcer les infrastructures agricoles, dans le but principalement de rendre ce riz accessible et abordable.